C’est paradoxal, mais il est parfois bon de prendre des gifles. Comme disait mon regretté grand mère cela permet de faire bouillir le sang, et cela vivifie l’organisme. Les gifles que nous recevons actuellement sont des alertes puissantes, comme celle déclenchée par Judith Godreche, pas un exutoire, juste une réactualisation de la belle histoire en quelque chose de bien plus répugnant et scandaleux. The Girl With No Skin s’ouvre avec Truth. Elle a seize ans et elle rencontre un poète journaliste. Il parviendra a s’extirper de l’agression. Elle, s’est Ella Ronen, artiste et activiste qui signe avec The Girl With No Skin le disque le plus puissant de ce début d’année, une œuvre qui nous met KO, avec la fois coup de poing et coup de cœur. Une quarantaine de minutes qui prendront et tordront les tripes, dans des styles différents et toujours maîtrisés, pouvant tout à la fois être connecté avec la Néo-Zélandaise Aldous Harding, qu’avec Leonard Cohen a qui elle fait une déclaration d ’amour sur Undercover, s ’appuyant sur une production prodigieuse du musicien producteur Sam Cohen. Musicienne donc, et activiste comme en témoigne la tonitruante Fuck Cute, ou la très imagée The Girl With No Skin qui donne son titre à l’album et qui donne surtout à Ella Ronen ses lettres de noblesse dans la phratrie des songwriter de talent. En dix morceaux entre suavité et rock lettré et tranchant, Ella Ronen frappe un grand coup, une gifle, un coup en plein cœur, afin de réanimer celui que nous n’utilisons plus que comme outil de notre survie, mais plus pour nous relier aux autres. The Girl With No Skin est un lien pour l’éternité avec une artiste qui vient de faire une entrée magistrale, belle et fracassante. Je sais que l’expression est galvaudée, mais ici, elle prend son sens le plus juste, Chef d’œuvre.