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Je n’ai jamais été un fanatique des puzzles, manque de patience et surtout la désagréable impression de perdre mon temps à reproduire une image que j’avais déjà devant moi. En musique, les puzzles sont légion, et heureusement, car les pièces qui nous sont données ne nous donnent pas, par avance l’image finale, si tenté que celle-ci existe. C’est à force d’écoutes que les couches, les mélodies cachées délivreront ou pas leurs secrets. Ce qui est fascinants dés lors dans la musique, c’est de constater que même dans une forme d’aridité, d’ascétisme, fourmillent de jardins cachés, quand des productions bavardes et dispendieuses ne sont que des façades plates et dépourvues de la moindre aspérité ou cavités à visiter. Avons, nous fait le tour de Young Marble Giants ? Pouvons-nous estimer que les investigations autour de Colossal Youth doivent être archivées dans le service des affaires classées ? Cette question pourrait être l’objet d’une étude quand on ressortira l’album de Molto Morbidi, doux projet de la Française Swan Wisnia. Croisée dans son précédent groupe, Shadow Motel, Swan a quitté la chambre pour un confort plus personnel, celui d’entrer dans les pas de Kate Bush, Laurie Anderson, Cate Le Bon ou Siouxsie & The Banshees, mais avec une personnalité bien affirmée, s’inspirant de l’esprit plus que des formes. Il en découle des chansons étonnantes à la fois de fragilité ; Swan s’y promène tel un funambule, ne tentant pas pour le sentiment grisant de jouer avec la mort, mais pour la beauté du geste, capitalisant sur la proximité créée par les sons organiques pour rendre le panorama tout aussi onirique que panoramique, la sensation de vivre le temps de l’écoute dans un bâtiment du Corbusier, les rayons du soleil matérialisés par des notes de synthés, les rez de lumières pensant des entrées colorées.

Swan parle ainsi de son album : “les morceaux questionnent le sentiment de décalage de soi aux autres, les dissymétries relationnelles inévitables, ce qu’elles renvoient de nous et ce qu’elles renvoient aux autres, comment cela génère des rugosités, des frottements avec les autres même quand il y a un lien fort, comment on construit qui on est par rapport à ceux qui nous entourent et ceux qu’on aime, comment on se leurre souvent sur leurs attentes et leurs envies et vice-et-versa, comment cela nous définit malgré tout, et la beauté, la richesse et la tristesse parfois, qui se logent au milieu de tout ça. “. En quelques mots, elle synthétise ce que le disque traduit véritablement, la pensée sculptée en son, pour une union parfaite entre la parole et le geste.

Reste à vous d’ouvrir la boite, de prendre les pièces de ce puzzle aux combinaisons multiples. Un disque géant ou La Science des rêves. A Découvrir Absolument.




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