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A la lecture du nom Mitch & Murray plutôt qu’un quatuor néo-folk neurasthénique du Black Country, on imagine un duo de comiques de plus de soixante ans en vestes de tweed et le bon mot à la bouche (« Hey Mitch, t’as des photos de ta femme à poil ? », « Non Murray », « Bah tiens en v’la... ») ou un couple composé d’un ventriloque et de sa marionnette (« Alors Mitch, comment c’est-ti qu’ça va aujourdhui ? » « Oulala, je m’sens tout chiffon... » etc...). Pour la déconne pourtant, il faudra se tourner vers la nouvelle émission d’Olivier Minne (ou pas). Jugez plutôt : le premier lp du groupe emmené par Benjamin Jones porte le titre The Bleak End Starts Here , la piste introductive s’intitule « Love Will Treat You Like A Dog » et la cinquième « Even The Good Times Are Bad »... L’album se propose d’ailleurs de sonder les états d’âme de Jones, ses relations qui flanchent et ses névroses. On aurait tort pourtant d’avaler une boîte de Temesta citron et de placer sa tête dans un four dont on découvrira alors qu’il est micro-ondes. En effet, on tient peut-être avec Mitch & Murray les plus dignes héritiers de l’esprit d’Arab Strap. Sans la science de l’electro famélique et accablée des Ecossais mais dotés de la même acuité d’un regard distancié, Benjamin Jones, Peter Coulthard, Mel Ballam, Paul Palmer baladent leur spleen et leurs frustrations de jeunes adultes d’une vingtaine d’années à travers la lande brumeuse foulée avant eux par Red House Painters, la steppe rocheuse parcourue par un Will Oldham en mini-short en jean ou les couloirs d’une maison de repos autrefois fréquentée par Alan Sparhawk de Low. « Sleepy Trails » en l’espèce, son motif de guitare oxydé, son chant parlé presque murmuré et sa batterie en apparence efflanquée, dit beaucoup sur la musique de Mitch & Murray : probe (sur elle), contemplative et finalement plutôt anxiolitique.

Ps : A noter la sortie sur le pourtant toujours pertinent Regular Beat, du premier album d’Alaska In Winter, « Dance Party In The Balkans » -avec la participation de Zach Condon (Beirut)- dont on vous laissera seuls juges.




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