Sans que l’on s’y attende, comme par surprise, le deuxième album d’Annie-Meredith Higgins, le premier publié sur notre cher label français, et qui sort ce mois-ci, nous ramène à des mélodies dont Feist est coutumière. Une voix pure, des textes proches d’auteurs à la plume toute aussi poétique : on entre dans un univers que la pochette de The Dream Trap évoque à elle seule. Le rêve - piège dans lequel la fiction nous entraîne parfois, nous, rêveurs, et celui dont on réchappe rarement - est-ce celui de la musique qui nous emmène parfois si loin qu’on s’y sent comme transporté sur un tapis de nuages ? Retour à l’enfance buissonnière, retour à la pochette de l’album : une petite jeune fille à l’air vaguement victorien porte une robe couleur du temps. Par le choix d’un habile collage, elle se trouve à mi-chemin entre une cathédrale et un bouquet de fleurs des champs (deux coquelicots plantés tout droits).
La composition de l’image est très réussie, on pourra en dire autant de l’album. Vous y trouverez tout ce que vous étiez venu chercher : des choeurs, des accords d’orgue, des jeux chantés, des tambours, une atmosphère jazz sans fioritures, du chant lyrique, des cuivres dans le lointain, des fredonnements - des frondaisons devrions-nous écrire, tant les textes transpirent le monde naturel - de la passion que peuvent engendrer été caniculaire autant qu’hiver ensoleillé… Des moments comme suspendus, comme la petite jeune fille du collage à la robe couleur du temps centrée, suspendue à son arche. Des moments enfilés comme autant de perles de nacre à ce bijou d’album.