Charles Braud, le brillant esprit qui conduit au projet Her Magic Wand, semble posséder toutes les qualités qui l’autoriseraient à fréquenter notre jeune sœur. Il présente bien, se peigne la mèche avec soin et fait montre d’un goût avéré en matière de musique. A l’écoute de son plaisant Ep, Rough Draft, on se figure assez légitimement que le jeune homme possède une vaste collection de disques, très certainement classés d’abord par ordre alphabétique puis par date de sortie (dans le cas d’artistes prolixes). On le devine capable de citer des passages entiers de la Great Indie Discography, d’animer des groupes de discussions ardents sur les Flaming Lips, de lire ses videos YouTube de concerts de My Bloody Valentine au ralenti afin de parvenir à noter les références de leurs pédales d’effets et d’échanger de longs mails avec Ben Gibbard (de Postal Service notamment) pour bénéficier de ses conseils en matière de production. C’est que les coutures de ces cinq titres séduisants apparaissent parfois nettement : « dQ01 », son chant cristallin et fractal et sa ligne mélodique pop rêveuse, « Draw A Line » exercice maîtrisé d’electro-pop cotonneuse (en écoute dans notre section MultiMedia), ou « Harold Beldon » et ses claviers aux accointances psyché, établissent une intertextualité musicale évidente. Ces près de vingt minutes d’une écriture mélodique solide promettent cependant beaucoup. Sur le titre introductif Her Magic Wand chante : « when looking backwards isn’t comfortable anymore », ça tombe plutôt pas mal car l’avenir lui sourit déjà. Et ma sœur, accessoirement.