Compte-rendu de la seconde soirée d’un festival itinérant qui retrouve ses quartiers à L’Aéronef de Lille. Et des couleurs, progressivement. Où il fut question de fausse mannequin mais de vraie faussaire, de Régine en jeune et en belle et de Passion pic.
Two Door Cinema Club : on saluera la sagacité des programmateurs qui –ignorant la manifestation d’enthousiasme consécutive au concert de Two Door Cinema Club quelques jours plus tôt à La Boule Noire et rapidement relayée par la toile- décidèrent de programmer les Irlandais à 19h soit un horaire qui trouvait ADA encore au turbin. ADA en CA, on vota donc pour l’acquisition d’un nouveau logiciel de gestion des repas de cantine à défaut de cantiner un peu de félicité musicale. Arte Live Web le lendemain accentuera notre déception.
Lissy Trullie : Truly, oiseux. Que la New-New-yorkaise répète à l’envi qu’elle n’a jamais été mannequin comme pour mieux légitimer sa présence au sein du cercle mal fermé des musiciens pas comme les autres, ne lui accordera pas notre clémence. Entre une reprise vaine d’Hot Chip (« Ready For The Floor ») à un « Self-Taught Learner » « plus cliché t’es Julien Doré », Lissy Trullie pose en robe lamée, parfaitement instruite par des heures de consultation d’épreuves du Velvet Underground. Une erreur de casting. Et encore, nous n’évoquerons pas son groupe, aussi investi que Benzema en équipe de France.
Florence + The Machine : le bruit enflait et on n’y prêtait qu’une attention distraite. Nous avions tort, comme souvent. Florence Welch, sorte de Sonia Rykiel nantie d’une voix à la Kate Bush, emplit l’Aéronef -au tiers vide-, de sa présence pythienne et de son allégresse communicative. La liturgie traverse Lungs et débute idéalement avec « Between Two Lungs » et son crescendo luciférien, se poursuit avec « My Boy Builds Coffins » qui donne la pleine mesure du chant ensorcelant de Florence et du savoir-faire d’un batteur sosie du danseur de Benny B, et avec le punk en soie « Kiss With A Fist ». Suivent « Drumming Song », « Howl », « Dog Days Are Over » qui voit le public sauter sur place comme un seul homme à exhortation d’une seule femme, d’exception. « Cosmic Love », « Blinding », l’euphorisant « You’ve Got The Love » et « Rabbit Heart » closent un set admirable durant lequel Florence ne se départira jamais d’un sourire franc.
Passion Pit : le groupe fait débat au sein de la rédaction. L’Ep inaugural, Chunk Of Change, promettait ce que le Lp, Manners, ne tint pas, selon certains. La prestation un rien molle du gland de ce soir de novembre ne gagnera sans doute pas les sceptiques à la cause de cette pop electro pourtant jubilatoire. Le set débute timidement avec « Eyes As Candles » qui laisse place aux titres « Make Light », « I’ve Got Your Number », « Let Your Love Grow Tall » et « Little Secrets », tourbillonnants. « Better Things » et plus tard le convaincant « Sleepyhead » peignent un visage songeur à une formation investie mais aux attitudes presque mécaniques. « Smile Upon Me », « Moth’s Wings » et le tubesque « The Reeling » concluent un concert en demi-teinte. La faute probablement à une tournée qui marque les corps.
A l’issue de cette édition du festival, on se réjouit cependant que l’Aéronef accueille à nouveau l’événement dans sa totalité et que ce dernier recouvre peu à peu ses facultés fureteuses.
Crédits Photos : Benjamin « Hamilton » Dubiez.
Nos remerciements chaleureux à l’Aéronef et en particulier à la cordiale Danièle Ludvig.