Un vent de liberté souffle sur les terres du label "Le Saule" avec des artistes comme Léonore Boulanger ou encore Jean-Daniel Botta et son "Ammi- Majus Grand Goûter" et sa belle langue littéraire pleine de symboles et de collages anachroniques.

Cet objet improbable,c’est un peu comme la rencontre improbable entre Yves Simon et la folie du Surréalisme. Un Dominique A qui emmenerait son univers se balader du côté d’un jazz aux prises avec des musiques primitives. C’est parfois déroutant, souvent surprenant et toujours touchant...

"Caput Wulton crédence et potée" ouvre l’album avec ce texte comme un cadavre exquis,comme un jeu de couper-coller,comme une écriture automatique qui s’affole et nous affole.

"Chinoises" nous entraîne dans les ambiances de Jacques Demy où l’on sent toujours poindre cette tristesse derrière le sourire étincelant.Jean-Daniel Botta fait d’un instant du quotidien,d’un moment de rien une errance imaginaire et volatile.

Avec "Trois amoureux",nous sommes sur ces petites routes de campagne qui nous cheminent vers ce lieu indéfini,que l’on sait par avance serein. Nous sommes avec ces trois amoureux en face de la colline...Nous la voyons cet être aimé qui nous attend derrière sa fenêtre à regarder la pluie... Mais le titre s’arrête et nous ne la rejoignons pas. Il ne nous reste plus qu’à relancer l’écoute de ce titre.

"Du Crab" joue avec la musicalité des mots,leur sonorité.

"C’est joué l’absence tôt tendue ni l’agrégat d’angles où caracole Maison"

Avec Jean-Daniel Botta, on ressent très fort sa richesse musicale mais on perçoit aussi un intérêt pour la chose écrite. On pense souvent à Queneau,à Perec, à Breton.On ressent très fort cette envie de malaxer le mot,de se jouer du sens et de la forme.

"Le faucheur" nous ramène vers les seventies et François De Roubaix et un jazz libre.

Il y a du Matthieu Boogaerts dans "Haro Hase" avec ces guitares au jeu tropical... Et puis ces textes,ces textes !!!!!

"Fête joie nantie du motus

qui te cachera"

"Ammi-Majus Grand Goûter" est un album très rythmique avec un jeu subtil et nuancé de Laurent Seriès à la batterie comme sur "Manies d’un revenant". Avec "Chute",on se croirait sorti d’un de ses rêves dont on se rappelle confusément au petit matin,par bribes discontinues,sans trop en comprendre le sens... Comme sans queue ni tête,comme du coq à l’âne libertaire...

Aprés une pause avec "Brokat Holzer",Jean-Daniel Botta nous propose une gymnastique ludique dans la neige avec nos sens avec "La fille aux flocons" ... Il joue avec,les triture et les retourne allègrement. "L’inquiète" rappelle parfois sans que l’on puisse se l’expliquer le "Remué" de vous savez qui mais un "Remué" solaire,moins torturé,plus spontané et plus onirique...

Il y a quelque chose de l’enfance dans la musique de Jean-Daniel Botta et puis il y a cet harmonium dans "Reconstitution" qui part en fanfare mais pas de ces fanfares grandiloquentes,plutôt une intime...

"Les yeux clos" et ce texte pour lequel plus d’un se damnerait pour en avoir écrit quelques mots .

" Toi

pis que des parents"

Pour ceux qui auront lu ma chronique de "Square Ouh La La" de Léonore Boulanger,ils comprendront aisément ce risque de redite qu’il peut y avoir dans ces deux chroniques tant les musiques de Jean-Daniel et Léonore sont complémentaires,en osmose,comme deux univers jumeaux qui vivent indépendamment l’un de l’autre. Dans "Ammi-Majus Grand Goûter", pas d’effets de style mais plutôt des jeux avec la matière écrite que vient malaxer le son... Ici, on est souvent face à une singularité déroutante,face à une musique qui demande à être apprivoisée sans pour autant être sauvage,une musique poétique,allusive et libre tout simplement...

Jean-Daniel Botta sera en tournée en Juin avec Léonore Boulanger avec une date en particulier organisée par "Les Disques Perseverance" à Maxéville au T.O.T.E.M le 23 juin

http://www.lesaule.fr/jeandanielbotta.htm

http://www.leonoreboulanger.com/

http://www.lesaule.fr/

http://www.perseverancevinylique.wordpress.com/