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La tristesse est belle, la tristesse, la déchirure, l’erreur, l’absence, l’amour mort, la décadence, tous ces pleurs, sont beaux, on le sait depuis Baudelaire, on le sait depuis notre première douleur. On apprend à cajoler nos nostalgies, a préserver ces départs qui crevassent nos petites vies, a voir le temps nous frapper de ses marques. On le sait, du plus idiot au plus scientifique, les chansons d’amour brillent mille fois plus que les chansons à boire (mais boire n’est-ce pas une défaite et ors donc, une plaie ouverte).

Tous, nous sommes tous capables de connaitre ça, mais peux d’entre nous sont capable de communiquer un état aussi lumineux que sombre. Parlons alors de People of notion, puisqu’ils nagent comme Esther Williams dans ces océans aussi profonds que clairs, autant pétrole qu’eau. Au début il y eut ma surprise, je sautais directement a l’écoute du dernier titre cité, seulement pour comprendre qu’est ce que faisait là une version de Smalltown boy du feu groupe de Jimmy « Tintin frêle » Sommerville, Bronski Beat ? Je suis des 80 (grand honneur), et cette ritournelle m’a cravaché le crâne durant mois et ans, cette petite perle sur l’espérance humaine d’une certaine tolérance était alors passé comme un tube pour compil eighties, mais avait plus de force qu’un cri de haine dans son fond, et une bouleversante résignation.

D’eux ( Bronski), j’avais retenue le Hard Rain, marteaux pilon musical, mais le smalltown, restait superficiel. Et puis voila que P.O.N. se sentent le courage de donner a ce titre la profondeur qu’il mérite, en le faisant plus obsédant, plus cruel, plus froid, et plus étincelant, comme l’on quitte l’oxyde de l’armure et on polie les chromes des armes. Florant Chombart, âme de ce groupe, trouve le juste sens de cette prière et le fait beau, Baudelaire serait heureux (quoique, Baudelaire et heureux sont contradictoires).

Lancé le phare sur cette mer de larmes électro-punk si proche de mes chères signatures 4AD des fins 80, il ne me reste qu’a trouver la lueur dans ces quatre ténébreux thèmes. La beauté, disais.je pompeusement au début de ma chronique, vient bien plus facilement du domaine du mal que de celui du bien, les atmosphères des synthés gothiques, les guitares-couteaux contre briques qui plaisent tant a Robert Smith ou Ronny Moorings, les rythmes épiques des heures dark wave, et la voix éther autant qu’alourdie d’émotions cherche dans la radiographie des mots, les merveilleux déchus, la magnifique pâleur, la sublime chute.

Certes, on a l’impression d’être revenus a cette première douleur d’amour, a cette adolescence rebelle d’avant, a ces années de badges et chevelures laquées (oui, moi aussi, et pire encore), et on danserait même dans nos vieilles discos désormais ruines des A break to cry allongés en versions infinis maxi 3000 tours, de quand on était des êtres de lumières, quand la nuit plaisait, quand le froid nous appelait.

On recherche cette beauté jusque dans l’hypnose d’Haircut the grass, puisque l’automatisme, cette absence d’humanité est une partie importante de la définition du romantisme. Peut être finalement la voix de My stain touche vraiment l’émotion dans cette lamentation obscure, et met le doigt dans nos plaies. Il est 1h53, nuit noire, l’heure des loups, je viens de m’enivrer de People of Nothing, de son zeste de Trisomie 21, de son baroque sage de Echo and the Bunnymen de son romantisme Cure de la grande époque Charlotte sometimes.

J’ai surement vécu un flashback, pourtant je me réveille de cette transe lumineuse et pense avoir trouvé d’énormes doses de beauté, je crois avoir accepté finalement le fait que dans la douleur et la peine se trouve le merveilleux, et je suis même sur que quand vous vous briserez le cœur vous y trouverez des hymnes. Reste à leur souhaiter une carrière aussi grande que celle de tous leurs aïeuls, sachez, que vu cette cover et ces trois titres (bons remix, d’ailleurs), je n’ai aucun doute, vous êtes sur le sentier des beautés.




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