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Ce lundi 02 février, « Pop, Cultures & Cie » et « A Découvrir Absolument » se retrouvèrent aux « Trois Baudets » afin de saluer le talent hypnotique de Léopoldine HH. Pour les retardataires, rappelons que Léopoldine est le gros coup de cœur des Webzines susdits. Et pas qu’un peu : entière, espiègle, la belle demoiselle, outre un univers totalement atypique (et indescriptible - cabaret poétique ? Chanson be-bop ? Punk à paillettes ?), détient probablement la plus émouvante des actuelles voix françaises. Une sirène qui fait mouche à chaque intonation, qu’elle se produise langoureuse, rigolote, effacée, pas farouche, en Michael Jackson comme en Manset, sous la garde Godard comme sur la place Plath…

En cette soirée (attendue) magique, Léopoldine partageait l’affiche avec Gauvain Sers et Emilie Marsh. Du premier, pas grand-chose à en dire : chanson française « concernée », un brin revendicatrice, voix Saez. Nul doute que Gauvain Sers est un jeune gars tout à fait sincère qui chante des mots bardés de convictions. Mais bon : pas trop notre came. D’Emilie Marsh, encore moins à en dire puisque, avec Matthieu Dufour, nous zappâmes le concert pour partir boire des bières et féliciter Léopoldine. Du reste, effectivement, nous n’étions là que pour Léopoldine HH…

Entourée de cinq « boys », jonglant entre piano, accordéon, Moonwalk et Henri Michaud, « her master’s voice » offrit un spectacle comme son « mini CD » le laissait espérer : une autre dimension à mi-chemin entre la féérie et le baume au cœur. Faille spatio-temporelle : souriante et drôle, Léopoldine, en live, invente six idées à la minute, plonge le public dans un havre, se transforme en « Ourse » comme en déesse gospel, se reçoit des confettis sur le visage puis se met à hurler « solo ! »… Il est rare de ne plus sentir le poids du lieu (surtout lorsqu’il s’agit d’un espace aussi rigide tel que celui des « Trois Baudets » - avec l’inévitable commentaire des deux rombières assises derrière nous). Ce fut le cas ici : la personnalité et l’esthétique (ô combien à contre-courant) de Léopoldine remodelèrent notre quotidien en un arc-en-ciel euphorisant, en un joyeux dévergondage qui donne le sourire et permet le plus soyeux des trips… Seul bémol : pressée par le temps, cette queen Humel « née toute nue » ne joua qu’une petite demi-heure forcément frustrante (pas de chansons en allemand ni de titres coécrits avec Théo Hakola - présent dans la salle, tout comme Gwenaëlle Aubry). On comprend ainsi pourquoi certains concerts de Léopoldine HH avoisinent parfois les deux heures : tellement enchanteurs que nous ne voulons surtout pas retrouver la routine du quotidien. Du coup, l’heure du dernier métro fut tristounette ; quoi que boostée par la devise de Léopoldine : « chabada ! »

Photos by Matthieu Dufour