Le temps d’une échappée des 3somesisters, Bastien Picot, avec l’EP Pieces Of A Man, endosse le beau costume du soulman humaniste. Certes, nous connaissions déjà la voix chaude et vibrante de Bastien ; mais à l’inverse de la distance dadaïste volontairement instaurée par les 3some, ce quatre-titre impose la nécessaire mise à nue, un Broadway sans paillettes ni cuissardes. Bastien tel qu’en lui-même. Humble et tendre. Car pour mieux comprendre l’inévitable connivence qu’instaure Bastien Picot avec un public en pamoison, sans doute est-il bon d’assister à un concert de ce chanteur à la croisée de Prince et de Stevie Wonder. Pour mémoire, il y a quelques semaines, aux Trois Baudets : malgré l’inconfort de la position assise, malgré un set fatalement trop court (comme toujours aux Trois Baudets), le bonheur de voir un public acquis à un titre phare tel que « Stardust » (tube !), l’enthousiasme de contempler une salle chavirée et surexcitée face à chaque morceau qu’elle connaissait déjà par cœur – l’EP venait pourtant à peine de sortir. Soulman, oui. Avec parfois des inclinaisons théâtrales qui ressemblent bien plus à une protection (ou bien à des automatismes 3somesisters – groupe qui joue la carte « pétasse » pour mieux incendier le culte du star-system) qu’à la volonté d’en découdre. Avec cette voix, Bastien Picot aurait pu tendre vers la grande orchestration ou l’affirmation de soi-même. Mais non, bien sûr : pas le genre de ce jeune homme aussi modeste qu’adorable. Au contraire : l’intimité prédomine, le dépouillement est garant d’osmose avec public et auditeurs. C’est dans la confession que Bastien provoque l’émotion.