Hier soir, j’ai pris une énorme claque. Non pas que je me sois battu avec un inconnu dans un bar ou que je me sois engueulé avec ma femme parce que je suis rentré trop tard. Ma femme, justement, était avec moi. Et nous sommes rentrés ensemble, sonnés. Sonnés comme sonnait si bien le chant d’Ala.ni et les quelques notes de guitare et de harpe qui l’accompagnaient. Sonnés par tant de beauté, de délicatesse, de finesse. Sonnés par l’incroyable voix de la chanteuse londro-caribéenne, désormais établie à Paris. Sonnés parce que nous pensons avoir vu l’héritière de Billie Holiday.
Déjà, lorsque j’ai entendu les premières notes de "Cherry Blossom", qui ouvre "You & I", le premier album d’Ala.Ni, je suis tombé à la renverse. J’ai su instinctivement que je tenais là un petit bijou. Et que ma femme, admiratrice de Ella, Billie ou Nina Simone, allait se retrouver dans cette dizaine de chansons plus belles les unes que les autres. Une fois écouté tout l’album, j’en avais la confirmation. Alors, j’ai aussitôt acheté des billets pour son concert parisien au Carreau du temple, une petite salle de 250 places, à l’acoustique de bonne qualité. Et je lui ai offert le tout pour Noël.
Eh bien, notre Noël, c’était hier soir. Et le père Noël s’est transformé en jolie femme noire et longiligne, à la gestuelle gracieuse, et à la voix d’or. Mais s’il n’y avait que cela... Au cours des 75 minutes que nous avons passé avec elle, Ala.ni n’a cessé de jouer avec le public, d’improviser des chansons (notamment une composée d’une ribambelle de phrases écrites par les gens présents dans la salle), de faire des blagues entre et parfois pendant les morceaux, de virevolter telle une splendide elfe autour de son micro vintage.
Et la chanteuse ne s’est pas contentée de ce qui aurait déjà fait un très bon concert. Elle a tenté quelques trucs, qui rendent un moment magique : une chanson plongée dans le noir total, ce qui a magnifié encore plus sa voix (et tiré quelques larmes à ma voisine) ; Une reprise de Richie Havens inédite ou du Edith Piaf en rappel ; Ou même le plus beau des "happy birthday to you" pour deux hommes présents dans la salle, reprise en cœur par l’ensemble des spectateurs.
Bref, Ala.ni a tout pour elle. Belle, talentueuse, dotée d’une voix incroyable, qui ferait basculer n’importe quel jury de The Voice, de Nouvelle Star ou de On a les moyens de vous faire chanter. Mais aussi une présence scénique rare, envoûtante. Enfin, et surtout, des chansons à fredonner, à faire pleurer, à transcender, à écouter absolument. Lorsqu’elle passera près de chez vous, ne la ratez pas !
photo de Mélissa Phulpin