Il nous a fallu quelques semaines d’appropriation du dernier album de Dinosaur Jr. avant d’en faire la chronique. Ce n’est pas à un vieux coucou qu’on fait écouter de la dentelle. Dinosaur Jr., ce sont les années d’avant, de quand on était jeunes et qu’on croyait au rock’n’roll et aux soirées interminables, au skate et à la révolution nocturne, dans les bars et pendant les soirées avec les copains, autour de bière de mauvaise qualité.
Si nous avons vieilli, Dinosaur Jr aussi mais le groupe, lui, a su garder intact son savoir-faire. C’est sans doute pour cela que tout le monde fantasme sur le métier de rocker : il ne fait pas vieillir. Bon, plus exactement : il fait bien vieillir. Du côté de Dinosaur Jr., Lou Barlow, Jay Mascis et Murph ont choisi de s’inscrire dans la continuité de la fin des années 80. Même s’il y a plus de douceur et de notes folk qu’à l’époque de You’re Living All Over Me.
Le onzième album (à peu près) (tout dépend que comment on compte, parait-il, et je ne sais pas compter) offre aux fans des chansons de qualité, bien écrites, nostalgiques et tristounes comme il faut, avec la guitare saturée pile-poil comme on l’attendait mais sans surprise. C’est là que le bât blesse, sans doute : le groupe ne s’aventure dans aucune nouvelle terre inconnue. Il produit un chouette album et il a sans doute raison de ne pas prendre trop de risques. Car s’il ne surprend pas, il ne déçoit pas non plus. Près de trente ans après ses débuts, c’est une performance pour un groupe de rock.