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Oui bon ok, je ne vais pas pouvoir. Ce n’est pas que je n’aime pas, j’adore même, à l’écouter non-stop. Mais comment traduire en mot ce qui est déjà explicite. La punchline n’est pas une figure de style. C’est le sang même qui irrigue cette veine. Punchline mauvais mot pour parler d’une phrase coup de poing, une phrase définitive. Voilà, enfin pas tout à fait, car définitive cela voudrait dire sentencieuse. Hors ce n’est pas le cas. Alors que dire ? Parler du constat social froid et étayé avec la précision d’un scribe rassembleur des histoires pour les générations futures ? Oui certes, mais pas que ça.

Comment en parler alors, car il faut en parler, le crier Ray Bornéo et ses invités (Gontard !, Olivier Depardon, Jull, Bleu Russe, Ginger Man signent un grand disque français, sorte de creuset dans lequel nous aurions mis des doses différentes de Michniak, Non Stop, Stupeflip, Katerine ( « C’était Qui » est à ce niveau une combinaison implacable), servi par des interprètes impeccables, au premier desquels Gontard !, assurément le meilleur auteur de l’urgence chantée, le meilleur interprète de la fuite impossible.

Comment en parler. En partageant. Partageons alors.

« Roman Photo 3 point zéro » comme le tube que les habitants de la musique d’en dessous pourraient présenter sur un plateau aux habitants de la musique mainstream, avec un petit mot du style « la musique dont vous pensiez ne pas avoir besoin et qui dorénavant vous sera indispensable).

Partageons, mais tout, car le prisme est large. C’est un disque égo décentré, il est abreuvé par les expériences personnelles, mais celles si sont retournées comme un judoka l’est par Teddy Riner, le gagnant malgré tout ne l’étant que grâce à celui qui est au tapis, les deux comme le duo de cette victoire, de cette histoire.

Il faut écouter une fois dans sa vie « Brico Dépôt » pour comprendre que le réel quand il poétise devient volatile, il faut écouter « Gummo » pour comprendre que la chanson réaliste peut aussi s’inspirer et se nourrir de la fiction, il faut écouter « Polar » pour comprendre que la chanson fictionnelle et cinématographique pourrait influencer le réel.

« La liberté » testament de Sartre et définition même de ce disque d’une fraicheur envoyant valser les tentatives de revoir la grammaire de la chanson d’ici (« Nyctalope » prouesse stylistique, le mot comme un instrument, mais chargé de tout ce qui pourrait lui être associé).

Lomostatic est à niveau là un nouvel évangile qui si elle n’évangélise pas les foules a le pouvoir de les remettre dans un chemin moins droit, car quand l’uniformisation est un dogme, il est vital de tout plastiquer de l’intérieur, même la politique, quand celle-ci est ramenée à sa strate la plus propre du terrain, comme dirait un chiraquien jouant des mains pour avoir les coudes sur le comptoir.

Lomostatic est un disque d’une telle liberté qu’il pourrait être interdit si on n’y faisait pas attention, car quand on souffle autant à contre-courant du flux dominant, on risque d’être chassé sur les bas côtés. Mais Lomostatic a une voilure tellement large qu’il surfe, évite, se transforme en torero landais et si il fait des embardées, c’est pour mieux nous proposer au final, le rêve. Disque important, pas que…vital.




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