Alors que le raisin se gorgeait de suc sous l’influence d’un soleil gagnant la bataille contre les nuages, que dehors les bruits émanaient d’une faune paisible pouvant jouir d’une flore affectée par un manque d’eau, Ropoporose et Piano Chat, décidèrent d’irriguer le paysage avec une musique sauvagement jouissive, car "421" est un brelan d’as, une victoire sans commune mesure au Yahtzee, battant les records.

Les chansons semblent apparaître au groupe en live, celui-ci poursuivant les trames, courant sans économie, quitte à perdre en route des effets personnels, tombés d’une besace mal fermée. Car il y a quelque chose de foutraque, de DIY (sans la neurasthénie au contraire, ici la joie est communicative dans les morceaux de ce disque, parvenant même à surpasser les Rita Mitsouko sur un de ses morceaux "c’est comme ça", qui après cette version, ne sera plus pareil)

« 421 » est d’un abord immédiat, transperçant tout sur son passage. Il se compose de morceaux pop, mais une pop qui aimerait rouler vite en se fracassant contre les murs, mais avec une bonhommie palpable, ayant au préalable équipé la carrosserie d’une épaisse couche de mousse. Mais le mot pop serait réducteur, car il galvauderait une puissance et une animalité évidente, et passerait sous silence le morceau de bravoure, « Veaux Doux », cousin hirsute et dévergondé de Mermonte. Un morceau à vous rendre dingue.

Alors je ne sais pas si les vignobles hébergeurs seront les féconds producteurs d’un breuvage millésimé, mais je sais qu’ils auront déjà eu la grande générosité de faire d’une fusion entre deux groupes, l’une des rencontres les plus joyeuses qu’il nous aura été donné d’écouter cette année (à moins que "421" soit l’élément nouveau d’un vin excitant). C’est beau, c’est long en bouche, mais avec une facilité à se faire oublier pour que rapidement nous nous y remettions. Les dés sont jetés, Braziliers est mon groupe doudou de l’année que je vais caresser dans le sens du poil.