> Critiques > Labellisés



De son nom de groupe nous avions trop facilement fait une imagerie gentillette, évocatrice d’un journal intime aux remouds timides. Pollyanna devait grandir, sous peine de boire la tasse d’une vague sortant de l’image de leur premier album. Un hasard mais Pollyanna termine « on concrete » par une chanson reprenant le titre de son précédent disque, comme avait pu le faire PJ Harvey avec dry chanson de l’album rid of me. Par ce titre Pollyanna fait la liaison, car on concret est un disque de fracture avec le premier album. Celui-ci s’ouvre sous la pluie sous une note gaie, introduction qui aura un pendant plus sombre en sa fin, la note étant moins charmante, le front plissé. Beaucoup plus arrangé, « on concrete » électrise juste ce qu’il faut les chansons soignées du duo. Folk ne signifie pas que l’on laisse reposer les chansons sur le dénuement, en tout les cas pas chez eux. Folk song c’est d’ailleurs le titre de la plus belle chanson de l’album, titre qui vous empêche d’écouter autre chose, mais qui vous empêche de mourir quand au bout d’une minute 47 vous constatez que le beau n’est pas un concept éradiqué par les masses bêlantes. Si les sujets ne partent du sentiment d’optimisme, ils avancent par un vent contraire, puisant dans cette difficulté pour en dégager de l’espoir. Plus affirmé, même dans la façon de chanter (Isabelle Casier connaît l’orthographe de l’émotion) et de jouer (« in the cornfields » navigue dans les eaux troubles de david Eugene Edwards, la pathos en moins) le duo se mue dans quelque chose de mature, la chenille timide devenant papillon majestueux (le papillon, l’image facile pour chroniqueur en panne sèche à l’heure de déclarer sa flemme), quitte à regretter les roulades approximatives quand il était temps de tendre un fil sur une branche pour le grand départ. « on concrete » est une banquette moelleuse mais pas trop, une de celle que l’on croise dans la salle d’attente d’un médecin de campagne, chez qui on vient trouver l’espoir, ou au moins des raisons de ne pas totalement désespérer. Eblouissant.