Ne vous y trompez pas, ce EP n’a rien à voir avec le film de Rohmer, ni plus avec le roman de Jules Verne. Le rayon vert est un bar de Saint-Pair-sur-Mer, où Lewis devait échanger de la mélancolie contre de la chaleur depuis son installation à Granville dans une maison à rénover, antre dans laquelle il a pu accueillir une deuxième petite fille.
Ne croyez pas pour le coup que ces chansons, sont des chansons de fin de banquet, des chansons à boire, même si tout au long de ces quatre morceaux Lewis Evans non confie à mot couvert, que depuis ces deux premiers albums, sa vie artistique a pris la tasse, manquant même de noyer sa cellule familiale par des addictions, sel souvent inutile de la vie de musicien.
Les 4 chansons sont déjà à tomber de part l’interprétation de Lewis Evans à la voix mélancolique, à la tendresse rieuse. Mais ce qui en font 4 pièces d’orfèvrerie pop, c’est cette rencontre numérique avec David Ivar Herman, qui en arrangeant les morceaux de Lewis, aura transformé la brume normande, en la transperçant par des rayons irradiants de la Californie. Même quand il aborde des sujets au combien difficile comme l’addiction (Cocaïne / Hold on (plus belle chanson de ce début d’année)) ou le manque de reconnaissance (King of the Jingle) Lewis Evans dégage quelque chose d’optimiste, de vivifiant comme peu l’être une balade le long des flots balayés par un vent puissant, nous chargeant d’iode, nous déchargeant de nos affres, nous purifiant sans nous ôter la mémoire (« Rock in The Sea » comme une ode à la passion contrariée).
C’est un EP qui, s’il n’est pas un rayon de soleil dans la grisaille qui semble recouvrir nos vies, a le don de nous donner envie d’exorciser nos contrariétés et nos déboires, en les magnifiant en quelque chose d’irradiant. Comme quoi l’art est indispensable, ce EP en est la preuve irréfutable.