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Avec leur superbe dernier album, le très aquatique The west is the best, mixé par le vénérable Mark Gardener du groupe Ride, maitres incontestés britons du rock qui regarde ses chaussures, Dead Horse One nous avait largué au milieu d’un océan de reverb et à la merci de monstrueux riffs qui transperçaient le calme apparent des flots pour nous arracher le cœur et les tympans… Deux ans donc que nous attendions une bouée de sauvetage de la part de ces singuliers représentants hexagonaux de l’indie rock 90’s à tendance stoner, grunge, voire britpop, pour nous sortir la tête de ce tumulte de pédales d’effets.

Quelques confinements plus tard, la force tranquille du shoegaze à la française est donc enfin de retour avec un EP aussi court qu’intense qui nous projette cette fois-ci dans les plus hautes sphères de l’atmosphère. Et d’ailleurs nous ne sommes peut-être même plus sur Terre… S’agit-il des cieux irrespirables de Titan, la lune maléfique de Saturne chargée d’hydrocarbures, ou bien des nuages de Neptune dont les vents soufflent à la vitesse faramineuse de 2100 Km/h ? En tout cas avec « When love runs dry », il n’y a désormais plus de temps à perdre et le groupe semble bien avoir intégré qu’il ne disposait que cinq morceaux pour convaincre ! Dès les premiers instants de Core, nous voilà projetés au cœur de cette tempête céleste. Dès l’ouverture, les impacts de caisse claire, véritables coups de tonnerre, martèlent inlassablement une rythmique implacable, la basse ronfle une ligne qui semble avoir été enregistrée dans l’œil d’un cyclone et enfin l’arrivée de la guitare, plus dure et tranchante que sur tous leurs précédents morceaux, emporte tout sur son passage. Une entrée en matière très heavy, assez inédite pour le groupe, qui malgré son appétence pour les grosses distorsions mouillées, nous avait un peu moins habitués à un son aussi sec et gorgé de fuzz qui fait ici claquer les riffs ultra-lourds comme des éclairs. Et pourtant, dans les ténèbres, le soleil n’est jamais bien loin… Au détour d’un couplet ou d’une mesure pleine de violence, l’ADN pop du groupe surgit à travers de fugaces et lumineuses parties vocales pleines de mélancolie. Avec le délice d’une fin du monde, le morceau déroule inlassablement l’énergie de son riff et prend un malin plaisir à anéantir toute trace de vie et de discernement dans vos tympans… Implacable tube, lorgnant vers le nu metal, qui aurait pu être composé par DIIV avec Korn en backing band !

Après cette première gifle, Statick King, tout en s’inscrivant dans la lignée tumultueuse de ce premier morceau, prend très vite de la hauteur et donne la sensation vertigineuse de surplomber l’ouragan. Bien que massives, les guitares se font plus vaporeuses et les brèves parties de chant, que n’auraient pas reniées Slowdive, calment le jeu le temps de belles parenthèses aériennes suspendues dans le temps. Enfin, c’est une phase instrumentale à la spatialisation phénoménalement large qui clôt le titre. Mention spéciale pour la note de guitare interminable, gelée en plein vol au milieu de cette immensité à la fois remplie de glace et de lave en fusion qui accompagne ce morceau de bravoure aux confins de la stratosphère… S’ensuit le très grunge Nevermore, morceau qui s’inscrit dans la longue tradition du rock torturé sans espoir à tendance rageuse. Une Madeleine de Proust qui ravira les fans indécrottables de Soundgarden.

Et là… Miracle ! Nous sortons brutalement de l’atmosphère de cette étrange planète inhospitalière et de sa fureur explosive. Au grès de délicats arpèges pleins de chorus et tout droit sortis du générique de Twin Peaks, nous voilà en train de virevolter dans l’espace, désormais libéré de toute attraction. La douceur fait suite à la fureur et cette balade en apesanteur agit comme un pansement délicat et apaisant. Mentally Homeless est une libération. Filant à une vitesse supersonique, l’EP est déjà quasiment terminé, juste le temps pour une étonnante version piano/voix de Statick King, le 2ème titre, délicatement rejoint par une guitare acoustique et nous voilà perdus dans les limbes du vide sidéral… La curiosité est d’ors et déjà à son comble concernant la prochaine escale spatiale exotique que nous proposera à coup sûr l’indestructible vaisseau « Dead Horse One »




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