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What is pop music anyway ? le deuxième album de Dewaere (comme l’acteur mythique des années 70) a tout pour attirer l’œil avant même la première écoute ! Une pochette Pop Art absurde et affriolante que tout faussaire d’Andy Warhol averti rêverait de créer et de partager sur Pinterest, un titre catchy digne de la problématique d’un mémoire d’étudiant en licence de médiation culturelle qui se serait soudain mis à bucher la veille du rendu, un label palois au nom à rallonge réputé pour ces choix pointus… Du coup, faut-il croquer à pleine dents dans ce fruit défendu, apparemment si appétissant pour se délecter de cette promesse de pop culture jouissive ? Rien n’est moins sûr… Les amateurs de cuisine réunionnaise auront directement reconnu un combava, cette sorte de citron vert dont les zestes parfument à merveille les rougails, mais dont la très forte acidité empêche de le manger comme une pomme ! Et ceux qui auront déjà écouté Slot Logic, le tout premier album de la bande de Saint Brieuc sauront vous mettre en garde… Tout du long de ces 10 titres, il s’agissait déjà d’un condensé de violence et d’électricité qui pénétrait directement dans vos tympans avec pour seul objectif de vous faire péter les synapses. Ainsi, après avoir appréhendé l’objet avec précaution, nous voilà enfin prêt à l’écouter… à nos risques et périls.

Et dès le premier titre, le single My Shangri-laaa, la surprise est de taille. Si la musique est toujours ultra-nerveuse, la fureur de l’ensemble semble avoir été canalisée entièrement au service de l’efficacité du morceau. La production est ample, à la limite d’une grandiloquence assumée. Et dans le paysage du rock indé français qui a tendance à souvent sonner comme s’il avait été enregistré dans une boite de conserve, ça n’est pas si évident ! Le son fait clairement plus penser aux derniers actes de bravoure du post-punk anglais avec cette basse si moelleuse à la Fontaine D.C, ces guitares hurlantes que ne renieraient pas Shame et cette batterie hargneuse et syncopée très proche d’Idles. Et par-dessus cette tempête de noise, la voix très impressionnante du chanteur, Maxwell Farrington, surplombe le tout et emmène sa folle machine vers le premier coup de cœur de l’album : un refrain imparable où l’australien installé en Bretagne feule et éructe sans jamais se départir de son flegme d’une manière qui ne déplairait sûrement pas à son illustre compatriote Nick Cave.

La suite s’inscrit dans la même lignée ! Les instruments sifflent et grognent tandis que la voix grave et puissante déroule sa gouaille aussie contre vents et marées pour dérouler des tubes de crooner noise. Dans Clink and Cluster, on a la délicieuse sensation d’entendre Alex Kapranos de Franz Ferdinand entonner un morceau inédit des Sparks en contrepoint de superbes guitares british ciselées et nerveuses. Voilà now you’r old, le titre le plus long de l’album, calme le jeu et cite avec étrangeté les Doors sur quelques harmonies de synthé avant d’embrayer sur une montée de trois minutes où chaque instrument tente de sonner plus fort que le voisin, un jeu où les cymbales sont toujours victorieuses, avant de mourir dans un feu de joie de larsens. S’ensuit le délicieusement malsain The pretty one dominée par une voix théâtrale et lubrique.

Avec Make it in the morning (shake it in the night ! ) voici venu le moment de 2ème grand tube de l’album, dans la lignée de My Shangri-laaa. Une chanson frontale et frénétique au refrain à l’évidence rock qui emporte tout sur son passage. Le crooning punk est né !

Satellite permet enfin à l’auditeur de respirer avec son indolence de cabaret et ses instrus à la nonchalance acide d’un comprimé d’aspirine effervescent en train de fondre… Et ce morceau remède préventif tombe bien car la suite a pour objectif d’attaquer directement les zones sensibles de la boite crânienne ! Bricks hurle et martèle pour faire vibrer les tympans, la caisse claire de Taiwan, Ireland and Japan vicieusement placée sur chaque temps tabasse sans se ménager aux portes de votre cerveau en s’attaquant directement aux tempes fébriles et le refrain addictif et collant de Replay s’immiscera instantanément dans les méandres de votre cervelet pour vous coller une migraine ophtalmique de toute beauté.

Avec sa guitare en forme de sirène d’alarme incessante Burning Desire, avant-dernier morceau, signale la fin prochaine de l’album. Peut-être est-ce le moment pour tenter d’apporter une réponse au titre de l’opus ? Qu’est-ce donc que la pop music ? Et bien peut-être est-ce juste cette capacité à proposer des tubes aussi évidents qu’addictifs de trois minutes qui martyrisent autant qu’ils flattent les oreilles de victimes consentantes... De Dewaere à Shakira, il n’y a finalement pas tant de différences que cela, peut être juste quelques larsens !

Enfin le dernier morceau, Everybody wants one now, est l’une des grandes réussites de l’album, qui résume bien l’ambiance que celui-ci dégage. A la fois torturé et évident, il déroule sa pop noise de stade implacable, qui ose tout (même l’effet flanger !), comme un hymne de Pulp avant de se noyer dans le vent d’une outro rêveuse…




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