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La Pythie : […] J’invoque enfin et les eaux de la Cold Wave, et l’Électro puissante, et le Rock’n Roll Suprême, sans qui rien ne s’achève, avant de prendre place, prophétesse, sur mon siège. Daignent ces musiques bénir, aujourd’hui plus encore que jamais, mon entrée sur scène. Si quelques spectateurs nous sont venus de Russie, qu’ils s’approchent, ainsi qu’il est de règle, dans l’ordre indiqué par le sort : je prophétise, moi, dans Celui que me dicte le tempo. » (« Les Euménides » d’Eschyle, dans une version keltchewskysée).

Trois fois que je me repasse « Vmeste S Taboï » et je reste scotché à ma chaise, ne sachant, tant les impressions se bousculent, par quel bout de la lorgnette appréhender « Silent Partners », l’excellent deuxième album de Tchewsky & Wood : à ADA, on avait pourtant vu le coup venir de loin, avec en 2018 le EP « Chapter One » puis, l’année suivante, « Live Bullet Songs », le premier opus du duo devenu trio depuis l’arrivée du guitariste Maxime Poubanne.

Gael Desbois (Wood, vous l’aurez compris), on le croisait chez Laetitia Sheriff, Miossec ou encore Mobiil et quant à Marina Keltchewsky, elle est également comédienne, ce qui l’aide probablement à incarner (à la perfection) son rôle de Pythie cold wave : sa voix grave et puissante, en un chant froid et néanmoins sensuel – chaque note chaque respiration chaque silence étant maîtrisés à la perfection –, lui permet d’évoluer avec aisance dans le registre casse-gueule d’une certaine théâtralité Mitteleuropa que ne renierait pas Nick Cave.

Si « Silent Partners » roule à toute vitesse sur l’autobahn de la cold wave, assumant sans complexes son amour d’un genre aux contours bien définis et dont l’efficacité reste redoutable, il n’est jamais passéiste et chasse sur des terres plus contemporaines – l’énergie de Barbara Sparks, la noirceur synthétique de She Wants Revenge, la rage rentrée de PJ Harvey –, se permettant même des embardées lyriques (la fin de « Babel », une tuerie) et europa dance (« Vmeste S Taboï »), ainsi qu’une reprise du mythique « Dancing Barefoot » de Patti Smith.

En un condensé de nuit sans retour, Tchewsky & Wood livre un album ébouriffant, qui fascinera l’auditeur au point de lui faire oublier de reprendre son souffle : « Silent Partners » s’apparente à une plongée en eaux très profondes, glaciales et dansantes, en cet été caniculaire, ça fait un bien fou.




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