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En interview, Anton Newcombe, sobre ou pas, par sa candeur et son aplomb débile, est un des mecs les plus drôles du monde. En même temps, le gars, il en a quoi à foutre de sa street crédibilité puisque The Brian Jonestown Massacre, dont il est le maître d’œuvre, reste un des meilleurs groupes de rock du monde ? Dix-neuvième album déjà (ou plus, c’est pas clair), où l’on apprend que le feu ne pousse pas sur les arbres, petite pensée aux pompiers qui se démènent aux quatre coins du globe pour lutter contre un réchauffement climatique qui n’existe pas.

La pochette du disque est moche mais je suppose que c’est fait exprès, moi elle me plaît, il est temps de dénoncer la fascination nocive pour les petits chats, number one sur Internet, juste avant les recettes de junk-food (les hot-dogs à huit saucisses couverts de faux fromage) et le remuage de culs de pétasses pseudo-féministes 2.0 – à fond contre le patriarcat blanc – en partance vers Dubaï et ses chapeaux organiques. Des pochettes moches pour des albums magistraux, le rock en a vu passer des tas, et je ne parle même pas des noms de groupes cultes qui seraient à la base à chier si la musique n’était pas brillante (Pavement, Sonic Youth, The Warlocks). La plupart des groupes ont des noms de groupe objectivement nazes, c’est comme ça.

La dernière fois que j’ai ouï Anton, en l’occurrence cet été, il racontait des conneries dans Rock’n Folk (que je n’avais pas acheté depuis des lustres et qui reste le seul magasine potable dès lors qu’il s’agit de rock, fuck you Les Inrockuptibles et Magic – qui n’est lu que par ses propres chroniqueurs et les « artistes » qu’ils chroniquent), j’étais dans le train, en partance vers la Bretagne, je riais intérieurement, heureux de retrouver une dumberie rassurante et si peu convenue (« Je pense la musique de façon orchestrale. Ce n’est pas très différent de Mozart, en fait »). Avez-vous remarqué qu’en interview les artistes savent si bien – et malheureusement – se montrer appliqués ?

Et puis je me suis remémoré le mec de ma cousine J - belle grande gosse aux cheveux de feu - Alexis Lemon, émérite joueur de banjo qui a officié au sein de BJM dans les années 2000, il me disait parfois « Mec, j’ai joué sur les plus mauvais albums de The Brian Jonestown Massacre » tandis qu’au mur sa collection de guitares fabuleuses me tendait les bras.

A bien y penser, il n’y a pas de mauvais albums de The Brian Jonestown Massacre, mais je dois avouer que « Fire Doesn’t Grow On Trees » est assez plan-plan, pas inspiré pour un sou, nourri de ficelles garage rock aussi repassées que mes chemises Zara : au nom du rock, qui est ma religion, j’aurais aimé communier à la chapelle d’Anton Newcombe, mais pas possible, j’ai rendez-vous avec mon marabout.