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Depuis l’aube des temps, l’humanité s’écroule. Des types qui se suicident la veille de la fin du monde, il y en a toujours eu, il y en aura encore. Le cerveau est fragile et l’individualisme érigé en modèle de (sur)vie ne joue pas en sa faveur, le pauvre. A trop se croire unique, muni d’une destinée factice – les Grecs anciens avaient compris l’ironie constitutive de l’état divin, leur mythologie constituée de parangons imparfaits servant de piqûre de rappel contre la bêtise (dommage que les religions monothéistes aient dilapidé cette ironie salutaire) –, nous avons oublié que la sauvegarde passe par le groupe. Dont acte pendant le confinement, durant lequel rien de ce qui fut prédit ne se réalisa. Fragments a profité de cette période instable pour concevoir, avec l’aide de Thomas Poli, un album qui dépasserait le simple cadre musical, étendant son ombre électro post-rock – entre Jean-Michel Jarre, Explosions In The Sky et Vitalic – sur un univers futuriste apocalyptique, dans lequel la nature reprendrait ses droits sur des mégalopoles désertées, terrain de jeu à venir de cartographes en quête de nouveaux territoires. Le trop-plein fourmillant d’aujourd’hui est potentiellement la terra incognita de demain. Le Nantais Flobath se chargera des illustrations et « Amasia » deviendra un magnifique livre-CD, en forme de déclaration d’amour aux territoires existants et inhabités : îles fantômes, caldeiras, inlandsis, tous refuges potentiels d’une mélancolie abstraite, privés de la pollution humaine. Topographes de ces terres stériles, Fragments nous offre, en un lent et sourd survol instrumental, un ballet de onze morceaux planants aussi élégants qu’un vol d’hirondelle, promesses d’un printemps nouveau.




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