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De bidouilleur abstract et expérimental à compositeur reconnu, Vadim Vernay suit depuis quelques années une trajectoire bien singulière. Catalogué artiste électro parce qu’il fallait bien le ranger quelque part et que c’est assez pratique, c’est en song-writer doué et inspiré qu’il s’impose sur le magnifique Hang tight.

Après pas mal d’années caché derrière des samples en solo sur scène comme en studio, c’est cette fois en leader d’un groupe d’ « indie-rock-indus » que Vadim Vernay prend corps et s’assume pleinement comme un interprète à part entière… A l’instar d’un Matt Elliott made in Picardie, il repart de zéro et se fixe comme contrainte pour écrire l’album de ne pas utiliser d’ordinateur ou de machine. Il apprend donc la guitare pour poser rapidement des mélodies simples sur une vingtaine de textes qui seront le point de départ de Hang tight, qui symbolise son renouveau artistique et sa capacité, enfin, à lâcher prise.

Réalisé par Hugo Cechosz (musicien et réalisateur pour Arthur H, Eiffel, la Grande Sophie…) l’album, d’une densité magnétique, lorgne tout aussi bien vers la scène de Bristol sur l’étouffant How et ses relents trip-hop, que vers les plaines désertiques de Leonard Cohen (l’envoûtant guitare voix Bad land alley). Un jeu d’ombres et de lumières constant maîtrisé à la perfection osant enchaîner une balade folk cousue dans la dentelle That curse avec le déglingué et glacial No safety catch. Vadim y promène une voix grave, suave, désabusée qui hante littéralement ces 12 titres moites et lourds comme une fin de soirée un peu trop arrosée en plein mois d’août…

Il y est question de l’état du monde, le sien en particulier, fait d’amours contrariées, de moments lumineux (Your smile, que ne renierait pas Bowie), de sidération face au poids de l’actualité et de ce qui nous tombe dessus à intervalles réguliers. Mais si les textes sont éminemment intimistes et cathartiques, Hang Tight est loin d’être nombriliste. Vadim Vernay subjugue et porte le regard bien plus haut, plus loin, soutenu par un collectif de musiciens de grande classe (Louis Morati, Jocelyn Soler, Fabien Lippens, et j’en oublie…) qu’il a su diriger sans contraindre, contenir sans limiter. Un retour discographique renversant et explosif, à la mélancolie contagieuse et addictive qui n’a pas fini de nous mettre en pièces un peu plus à chaque écoute.




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