Il y a quand même des moments mieux choisis pour parler d’un disque. S’attaquer à la chronique de Mogwaï aujourd’hui serait comme passer la tour infernale un 11 septembre ou organiser un championnat de cyclisme sur piste en plein Paris le jour anniversaire du vel d’hiv, pire encore passer du Yves Duteil à la sortie du procès d’Outreau. Tâche donc difficile alors que le batteur du groupe Martin Bulloch, véritable métronome du groupe vient d’avoir un nouvel accident cardiaque, son pace maker ayant lâché un soir de concert à New York, alors que le précédent avait fini sur l’étalage de la braderie Ebay. Nouvel album donc d’un groupe dont nous pouvions douter il y a plus de dix ans de sa possibilité de s’inscrire dans la durée avec une musique instrumentale, et qui jouait des contrastes pour exister. Une petite dizaine d’albums ou de EP plus tard, le groupe est toujours debout, parvenant même avec « the hawk is howling » à voler tel un rapace au-dessus d’un charnier extravagant de post rockeur n’ayant jamais eu le talent de vivre plus d’une heure. C’est « bat cat » qui avait été envoyé en éclaireur, et derrière la puissance habituelle du groupe, se cachait déjà les promesses d’un souffle nouveau. Loin des pirouettes du Zidane national (celui qui soigne les enfants avec du yaourt en tube) Mogwaï utilise l’humour et la mélancolie pour traverser un disque à la puissance suggestive rarement égalé par les écossais. Prenez « scotland’s chame » l’image qui nous arrive c’est le drapeau à la croix de Saint André, ternie, floutée, le « the precipice » n’a jamais trouvé illustration plus marquée que chez Mogwaï. Capable de morceau d’une émotion difficilement contenable (« Danphe And The Brain”) MogwaÏ sait ne pas jouer avec les sentiments, par contre il les convoque pour une analyse. Peut être que le meilleur album de Mogwaï a un tête de rapace sur sa pochette, peut être que cet œil si perçant est arrivé à ses fins, voir plus loin, Presque derrière les choses, en dehors Presque du réel. Gageons que le groupe reste toujours avec nous. Sublime.