Ainsi que l’indique sa biographie le Chicagoan Andrew Bird se plaît à décrire chacune des perles qu’il enfile sur l’atypique collier de ses albums comme " des chansons pop de trois minutes trente portant la marque d’un univers non pop ". Bird ou l’homme du contre-pied. Contre-pied à l’échelle de l’effort entier -The Mysterious Production Of Eggs prend en effet la tangente et s’affranchit des genres tentant l’escapade (presque) jazz pour mieux regagner le chemin folk à l’aide des cailloux pop semés ici ou là- et à l’échelle de chaque titre (pariez sur la constance et le formalisme et l’ami Bird vous met sur la paille : " Fake Palindromes " en l’espèce s’avance comme une power pop-song chiadée puis vire sa cutie et mue une centaine de fois sans se départir de la tension mutine qui l’habitait en premier lieu). Le singer-songwriter au violon virtuose entraîne ainsi l’auditeur pour une gigue circulaire qui peut laisser salement étourdi si l’on ne prend pas garde de se fixer quelques points de repère (le single ouaté " Sovay ", " Masterfade " ou " Tables And Chairs " par exemple). Il serait pourtant bien dommage de jouer les peine à jouir et de ne pas proposer une seconde fois nos bras pour rendre la ronde à nouveau circulaire et l’aider à débuter une autre série de danses. On passerait en effet à côté de morceaux savamment charpentés qui n’offrent pas moins que de devenir un compagnon de route des plus fidèles. L’aquatique " A Nervous Tic Motion Of The Head To The Left " par exemple qui présente en plus l’originalité d’être pour partie sifflé (et où l’on saisit que siffler peut s’exécuter avec classe…que quelqu’un le signale à Micheline Dax !), le westernisant " Banking On A Myth " ou encore " Skin Is, My ", première chanson auto-bronzante sans contre-indication dermatologique (" My Skin is/White As Parchment/Drier Than Downtown Office Building ") et qui rappelle avec justesse que dans singer-songwriter il y a songwriter. Et dans ce domaine aussi Andrew Bird invente élégamment. Pénétrez donc sans crainte l’univers de ce drôle d’oiseau. Et rappelez-vous que les amis qui vous entourent aujourd’hui ne peuvent être qualifiés de fidèles que parce qu’ils vous entouraient déjà hier….