Singulier parcours que celui de Duncan Sumpner, enseignant de 30 ans par ailleurs auteur d’un très plaisant premier effort sous le nom de Songs Of Green Pheasant. Plusieurs années auront en effet été nécessaires au label de Brighton, FatCat, pour parvenir à débusquer le gallinacé vert qui leur avait adressé une démo immédiatement remarquée mais uniquement accompagnée d’une adresse e-mail qui se révèlera indocile. Un peu comme si Sumpner, non content de s’abriter derrière un nom d’emprunt animalier, exigeait efforts et obstination de la part ce ceux qui désiraient l’accès à sa musique. L’album homonyme sort ces derniers temps et nécessitera un cheminement identique de la part de l’auditeur. Songs Of Green Pheasant ne livrera la richesse de son folk rural et brumeux qu’au prix d’écoutes attentives. Chaque titre semble ainsi enveloppé d’un voile de vapeur léger qui couvre un chant cristallin et une instrumentation subtile. A la croisée des chemins (de terre), entre les rêveries de Galaxie 500 et la connivence vocale de Simon & Garfunkel, Songs Of Green Pheasant enrichit son folk d’apparence rigoriste de trouvailles sonores. Tambourin, boîte à rythmes, percussions diverses soutiennent un édifice de glace cousin de celui de son copain de label, Drowsy. Des premières caresses de l’introductif " I Am Daylights " aux dernières notes de l’indolent " From Here To Somewhere Else ", Songs Of Green Pheasant élabore un langage érudit (le titre "Knulp " renvoie à un roman de Hermann Hesse) et porteur d’images. Près de quarante minutes béates d’une projection sur écran de brume.