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Interview réalisée par email en juin 2003.

Comme on est poli vous faites les présentations ?

— Gérald : Moi c’est Gérald comme toi (Gérald)....Pas facile de se présenter aussi poliment...

C’est venu de quoi ce nom, vous avez des problèmes respiratoires ?

— Patrice : il est vrai que le fond et le demi-fond n’ont jamais été mon fort et j’ai plutôt privilégié des sports où l’anaérobie était reine. Pour le nom du groupe, il fait référence à mes capacités vocales plus proche de l’inanition que de La Callas et à un groupe punk rock des années 80, the Plasmatics, dont la chanteuse Wendy O Williams vient de se suicider récemment. ils ont écrit un titre fabuleux "lunatic" que je conseille à tous les quadragénaires.

— Gérald : Absolument pas en ce qui me concerne mais j’ai d’autres problèmes comme tout le monde, je crois...:enfin pas forcément les mêmes ! pff !!!

Des les premières écoutes de ce disque la claque était évidente ? Normal pour vous cette réaction ?

— Patrice : la claque, je me la prends car je ne m’attendais pas à de telles réactions. Mais c’est une claque qu’il est bon de prendre et qui donne envie de continuer

— Gérald : Personnellement, je suis fan (comme dirait Obispo) de ce que j’ai pu apporté aux chansons maquettées de Patrice. Après, ce que ressentent les gens est pour moi une attente tout autant qu’une surprise. Si ils prennent une claque tant mieux, si ils nous la mettent tant mieux aussi... Mais bon, d’autres en méritent avant nous, non ?

Le titre du disque c’est en référence à Gainsbourg et à son eau et gaz à tous les étages ?

— Patrice : la référence est purement fortuite, d’ailleurs aucun animal n’a été maltraité sur le disque, car je ne connaissais pas ce texte de gainsbourg. Gérald me l’a fait découvrir il y a peu.

— Gérald : C’est venu tout d’abord d’une photo que j’ai prise lors d’une session d’enregistrements. J’ai proposé à Patrice qu’elle soit la pochette et le titre de l’album car je trouve qu’elle correspond assez bien aux textes de Patrice, aux atmosphères de l’album voir même à la conjoncture. La référence à Gainsbourg est venue après, comme celle à Bourvil d’ailleurs.

Les comparaisons vont bon train à votre écoute mais sans vraiment se figer. Pour moi vous êtes la combinaison de tout ce qui sauve la chanson française depuis dix ans.

— Patrice : les comparaisons que tu fais sont très flatteuses, d’autant qu’elles font partie de mon univers musical. Ces références m’accompagnent, mais au-delà de ça, il est intéressant de trouver sa voix et sa voie après digestion de tout ce qu’on a pu écouter, lire, regarder, rencontrer

— Gérald : Les comparaisons sont toujours inévitables...après la tienne est carrément élogieuse.

Ce qui est marquant c’est la tonalité variée du disque. Pour vous tout n’est pas définitivement mort mais la lutte va être rude. Je me trompe ?

— Patrice : effectivement, tout n’est pas mort, bien au contraire. Rien n’est figé, les chansons se veulent en perpétuel mouvement, varient selon les moments et les envies, selon les auditeurs, changent de couleur, de niveau de lecture, à la fois léger et grave, tendre et cruel, direct ou incompréhensible

— Gérald : Je suis content que tu remarques ça car tout au long de l’avancement de l’album, je me suis efforcé de créer un environnement musical par titre en essayant de coller le plus possible à chaque texte. Au final, c’est vrai que ça donne cette "tonalité variée" que je trouve effectivement riche et rare dans la chanson française. Après, à savoir si tout est définitivement mort, je ne crois pas du tout à cela sinon il faut tout arrêter...

Votre référence à une série animée de mon enfance vous situe dans le temps. Donc ado vous étiez Cure, New order… ou autres ?

— Patrice : ado, j’écoutais du heavy-metal et du punk, d’ailleurs ça s’entend sur le disque. Des groupes comme Venom ont "bercé" mon adolescence et mes oreilles....qui en ont un peu souffert je dois bien l’avouer. Bien qu’il me soit difficile de les réécouter aujourd’hui, je dois leur reconnaître un sens inné pour l’énergie et le vomissement

— Gérald : De mon côté, j’ai commencé par écouté Cure, Léonard Cohen et Depeche Mode dans ma chambre, chez mes parents en fumant en cachette par la fenêtre... Des chansons comme "Seventeen seconds", "three imaginary boys" ou "Lady midnight" par exemples m’ont profondément marqué...

C’est quoi ce qui inspire Viasmatics ? L’actu contemporaine ou rien de bien défini car au final la combinaison des mots est privilégiée au sens.

— Patrice : l’inspiration vient surtout des relations humaines, des rencontres, des satisfactions, des déceptions........ L’écriture est plutôt pulsionnelle, donc labyrinthique et imagée. souvent le sens s’insinue après et varie d’un moment à un autre. C’est assez amusant de voir que ce que j’écris résonne différemment selon les gens ; je trouve que c’est une bonne façon de s’approprier le chanson et c’est aussi bien comme ça. Mais plus ça va, plus les thèmes viennent en premier ; c’est d’ailleurs le cas sur "petit meurtre entre avril" et sur les dernières chansons que j’ai faites

— Gérald : De mon côté, l’inspiration est systématiquement venue dès que les maquettes de Patrice me touchait. Après, je ne peux pas dire quels éléments extérieurs m’ont conditionné à choisir tel instrument ou tel effet plus qu’un autre... C’est quelquechose qui, à un moment donné, échappe totalement...

Les titres de cet album sont ils le fait d’une maturation longue ?

— Patrice : oui et non. Les titres viennent d’eux-mêmes ou ne viennent pas....et je n’aime pas trop forcer la main

— Gérald : Pour ma part, aussitôt qu’un titre maquetté m’a plu, je me suis lancé dessus bille en tête... Pour certains titres, tout est allez très vite et pour d’autres un peu moins... Mais l’ensemble de mon travail est venu assez spontanément...

Qui amène quoi à qui et quand chez vous (rires) ? En gros on travaille comment chez Viasmatics ?

— Patrice : j’ai fait des maquettes que j’ai envoyé à Gérald. Après, il pouvait faire ce qu’il voulait au niveau des arrangements et on s’est aperçu que ça fonctionnait très bien comme ça. Nous avons du faire 13 chansons pour finalement n’en garder que 11

— Gérald : Tout a été fait à la maison de manière très artisanale... Pour l’ensemble des titres, Patrice m’a filé une maquette sur laquelle j’ai eu carte blanche pour le "ravalement de façade" et la "customisation". Tout mon travail a été réalisé à la maison, à 600 km l’un de l’autre (puisque je vis actuellement à Tours et Patrice à Lyon). Dès qu’un titre était terminé, je luis envoyais en mp3 par le web, puis on se rappelait (pour se féliciter)... Ce fut un réel bonheur de travailler aussi librement sur ces maquettes. Que je parte d’une guitare/voix ou d’une maquette un peu plus élaboré, tous les titres de l’album possédaient une réelle valeur. Et une fois passée dans ma moulinette, je me suis rendu à l’évidence lors du mixage que le stade de la maquette était dépassé et qu’un vrai album était en train de naître...

C’est quoi l’avenir de ce disque ? Que manque t’il à Viasmatics ?

— Patrice : ce que je souhaite au disque, c’est d’être écouté, qu’il laisse quelques traces, de l’éraflure à la suture, qu’il vive indépendamment de nous, que l’on vive indépendamment de lui, lui faire faux bond, refaire d’autres chansons et pouvoir se retrouver le temps d’un concert

— Gérald : Je crée actuellement mon label (Sonoteca) sur lequel cet album est la première sortie (d"ailleurs, n’hésitez pas à m’envoyer vos maquettes). Je suis actuellement en contacts avec des distributeurs mais les choses avancent (très) lentement de leur côté. Je souhaitais sortir l’album en juin 2003, mais sa sortie va être repoussé pour la fin de l’année. Personnellement, je crois que cet album possède un beau petit avenir... Des zines sur le net l’ont chroniqué, des radios commencent à le diffuser ...Reste également à le défendre sur scène...

Comment considérez-vous le travail effectué par les zines sur le net, et pour vous cette jungle est elle un nouveau support d’aide ou un vaste champs d’explorations pour journaleux frustrés amoureux de la musique ?

— Patrice : les webzines sont des supports nouveaux pour ceux qui aiment la musique, ce qui augmente la diversité et donc la richesse. Quant à l’hypothétique frustration des journalistes du web, elle est très personnelle, donc unique et ne vaut que pour celui qui la vit...........rajouterai-je qu’elle ne doit pas exister que chez les journalistes

— Gérald : Le net est un nouveau moyen de communiquer pour tout le monde (c’est pas un scoop !!!), pour tous les secteurs d’activités et pour la musique entre autres. Et les zines sont vraiment un nouveau moyen de communiquer sur les nouveaux projets musicaux ... C’est tout aussi révolutionnaire que dans la continuité du home studio pour l’enregistrement... Et c’est aussi un moyen de lutter contre le monopole et la tyrannie des grands médias et le marketing des maisons de disques...

C’est quoi le panthéon musical de Viasmatics (en 10 références maxi)

— Patrice : l’intégrale de Pascal Comelade, de Motorhead, de Dominique A, des waterboys,"le bal perdu" de Bourvil, "si je voudrais de moi, ce serait mon destin" Arthur(3 ans), Jean-louis Murat, Miossec

— Gérald : Erik Satie (toutes ses oeuvres) - Robert Johnson (The Complete Recordings)- Léonard Cohen (l’intégral) - the Feelies (Crazy Rhythms) - The Cure (les 12 premiers albums) - The Smith (tout) - The pixies (Doolittle) - Dominique A (La fossette) - Amon Tobin (Permutation) - Tarwater (Tout est bon) - Alain Bashung (Fantaisie militaire - L’imprudence et Gaby).



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