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  • avril 2003 /
    Novela
    l’Interview

    réalisée par gdo

Interview réalisée via mail en avril 2003

Tu peux nous présenter ton groupe ?

— A mes côtés, quatre musiciens :Alastair Price, notre guitariste, anglais originaire de la région de Manchester, véritable encyclopédie musicale ; Nicolas Ruffault, bassiste et touche à tout, Frédéric Gransard, batteur aux multiples compétences (il risque de nous quitter prochainement pour se consacrer pleinement à son autre projet Bikini Machine), et Nicolas Guibert, aux claviers, il a seulement l’air ténébreux !

Que c’est il passé entre le split de lighthouse et ce nouveau projet ?

— J’ai quitté Lighthouse avec l’envie de faire une pause, un peu fatiguée du groupe. J’ai repris mes études et je me suis remise à écrire petit à petit sans projet précis. Puis il est devenu clair que j’allais remonter quelque chose, un projet centré sur mes chansons. Le groupe s’est constitué avec des musiciens déjà proches, que je connaissais du temps de Lighthouse. Au début, François de Lighthouse était d’ailleurs de la partie, puis il a monté Octet et arrêté la musique acoustique.

Y a t’il une forme de renoncement a tout recommencer ou l’aventure est elle de toutes les façons complètement plaisante, grimper, grimper et le haut c’est une joie de l’instant ?

— Avec Lighthouse, j’étais prise dans une dynamique sur laquelle je n’avais pas tellement de prise et qui ne me convenait pas trop, même si j’ai appris plein de choses, passé de bons moments et enregistré pas mal de chouettes morceaux avec ce groupe. Désormais mon état d’esprit est très différent. Je m’offre un luxe, celui de réaliser quelque chose qui me tient à cœur, c’est beaucoup plus personnel et aussi plus conscient car plusieurs années se sont écoulées. Pour moi " la joie de l’instant " c’est de rechercher des petits moments de grâce, de partager une certaine fraîcheur, même si ce n’est pas toujours évident de préserver ça, car nous ne sommes pas des naïfs imbéciles ; c’est un peu notre militantisme !. Sinon, faire de la musique n’a plus d’intérêt à mes yeux.

Comment est venue cette idée de novela qui est à contre-courant de tout ce que l’on peut écouter depuis dix ans ?

— Il n’y a pas de concept ! Nous n’avons la volonté de nous inscrire ni dans un courant ni à contre-courant,. novela, c’est l’expression de notre personnalité en tout premier lieu. Pourquoi se figer dans une posture, ou dans un genre trop étroit ? D’ailleurs, les disques qui suivent un courant, une mode, se retrouvent parfois inécoutables quelques années après.

C’est un disque qui a une maturation longue ou le style est venu rapidement, car à l’écoute on pense à quelque chose de très travaillé, pas de surproduit mais de très léché ?

— Le disque a été enregistré au printemps dernier dans notre local de répé, et c’est vraiment nous sans artifice, sans moyens. C’est le résultat d’un travail d’abord un peu épisodique, au début, il y a deux ans et demi trois ans, puis plus intensif vers la fin de cette période où le groupe s’est formé, en fait. Certaines chansons avaient donc eu le temps de grandir. Il nous faut moins de temps aujourd’hui pour faire d’une chanson quelque chose qui nous satisfait, car le groupe progresse, mais nous répétons assez peu.

Je m’extasie sur ta voix, te donnant le titre de plus belle voix d’ici. Tu es consciente de l’importance de celle-ci ?

— Merci pour ce titre !

On sent la fragilité de cette musique et de ta voix sur certains morceaux où tu frôles l’émotion donnée par beth gibbons par exemple. C’est un terrain que tu comptes explorer plus profondément ?

— oui, disons que je chante vraiment. Communiquer une émotion, refléter une intériorité, ça me semble être la beauté du chant. Ce n’est pas si évident d’abandonner les poses ou la fausse pudeur, et juste de se concentrer sur l’émotion du chant et de la musique ; mais c’est très agréable ; je crois qu’il faut un peu de temps pour y arriver, ce n’est pas seulement une histoire de technique. Beth Gibbons est une chanteuse très créative et très touchante, elle s’abandonne avec beaucoup de grâce et de générosité. La comparaison est flatteuse. On entend beaucoup de gens qui chantent, mais souvent sans donner grand chose, sans trop de personnalité. Rien ne me touche plus que les voix, en fait,. Je trouve que c’est ce qu’il y a de plus direct, de plus vrai dans l’expression musicale. (particulièrement en live). " Birds " parle un peu de ça en fait.

On peut souvent lire dans les papiers vous concernant que vous délivrez une pop sucrée. C’est rasoir ou vous comprenez ce jugement ?

— Ca ne me dérange pas, peut-être parce que nous n’avons encore eu que peu de presse ! C’est en général formulé de manière positive, donc tant mieux et merci ! Mais en effet ça me semble un peu réducteur par rapport à ce que le groupe a à offrir. Ca touche à quelque chose que j’aime beaucoup dans la bonne musique pop : deux niveaux de lecture. D’abord un attrait assez immédiat, du plaisir, et ensuite une deuxième approche : une mélancolie qui se révèle, une émotion pas si évidente … ça a l’air gai et léger, ça ne l’est pas. Ce qui peut faire d’un disque un disque de chevet, une relation intime peut s’établir.

Actuellement vous vous sentez proche de qui dans le "grand cirque musical interplanétaire" ?

— Je ne sais pas trop, en fait. Il y a plein de trucs que j’apprécie, mais quant à me sentir proche, c’est une question plus difficile. L’artiste qui m’a le plus intéressée l’an dernier, c’est sans doute Gonzales, mais novela n’en est pas tellement proche. Quoique … J’ai beaucoup écouté par exemple Kaleidoscope de Kelis ou certains trucs hip hop, mais il n’y a pas forcément de proximité ! En France, j’aime beaucoup Katerine et Burgalat. Bertrand joue d’ailleurs sur trois morceaux du disque.

Que pensez-vous de l’état actuel du circuit indépendant ? Pour vous c’était " mieux avant " ou les structures et le circuit sont meilleurs ?

— A l’évidence les promesses du début des années 90 n’ont pas vraiment été tenues. Mais c’est peut-être un phénomène inévitable. L’indé n’est pas un but en soi, juste le seul moyen de se faire entendre quand on débute ou qu’on ne s’inscrit pas dans les formats marketing du moment, c’est parfois le seul moyen aussi d’avoir une liberté artistique. Tous les artistes souhaitent toucher un public large, ou alors on tombe dans le snobisme et le nombrilisme, ce n’est pas très intéressant. Même si le gros business s’évertue à mentir au public, il y a plein d’artistes indépendants, de petites structures plus ou moins locales, de radios, de webzines, de gens animés par la passion et la générosité. Par contre l’indépendance a un prix personnel qu’il faut assumer. On ne peut compter que sur soi.

D’ailleurs vous avez signé pour sortir votre petite merveille ? et si oui c’est pour quand la sortie ?

— Date officielle de sortie 15 mai Chez ELP ! Records, distrib Mosaic Music.

Pensez vous que le travail réalisé par les webzines sur le net soit d’un quelconque impact servant de relais réel à l’actualité souterraine délaissée depuis longtemps par les hebdo ou mensuels papiers "indépendant (ce mot me fait rire quand je retourne 15 ans en arrière !) " ?

— Ça rejoint ta précédente question sur les réseaux indés. Les webzines sont nécessaires à mon sens. C’est un esprit de partage et de dynamisme, une fenêtre ouverte. Evidemment l’écueil est de se retrouver en circuit fermé, mais ce n’est pas une fatalité. J’espère que le phénomène va prendre de l’importance car plus il y a de diversification, plus la musique circule, et mieux c’est. La toile est là, alors autant s’en servir ! Je ne suis pas trop cliente de la presse écrite dite culturelle. Je n’ai pas trop de temps et ça m’ennuie le plus souvent car ces parutions donnent parfois l’impression d’être une succession de pages de pub : une pub Placebo, puis une pub Machin et une pub truc ... Mais il y a des gens supers dans certains magazines, ouverts et enthousiastes, il ne faut pas non plus généraliser.

J’allais oublier, pourquoi Novela ?

— Il y a la référence au domaine de la fiction et puis la sonorité féminine et latine ; c’est ouvert. novela se propose de vous emmener quelque part, on fait un pas de côté et on regarde les choses avec un œil différent, peut-être une complicité émotive. Ça fait du bien de poétiser un peu le quotidien, de transfigurer le banal. Ça n’a rien de fleur bleue.

Et la question dont vous n’échapperez pas votre collection de disques sans laquelle la vie ne serait plus pareille.

—  ça change tout le temps ! mais il y a des intemporels The Beach Boys : peut-être Sunflower, s’il faut vraiment choisir . Cet album contient certaines de mes chansons préférées des Boys ( All I Wanna Do, qui pour moi touche au sublime, et aussi bien sûr Forever) The Beatles : album blanc Elvis Costello : Imperial Bedroom ou Trust Un disque Motown des 60s : Reflections de Diana Ross and The Supremes par exemple quelque chose d’Aretha Franklin Ella Fitzgerald : The Cole Porter Songbook Ça m’ennuie pour les autres … Bye !



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