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  • juin 2006 /
    Thomas Merry
    Thomas Merry par lui-même

    réalisée

Analyse recueillie en Juin 2006

Radio de contrôle de A Ship, Like A Ghost, Like A Cell, album envoûtant mais ébranlant de folk près de l’os oxydé par une electro parcimonieuse aux inflexions free, par son auteur, Thomas Mery.

Sing a Song

— Je crois que c’est la chanson la plus évidente du disque. Elle est douce amère, comme si je souriais mais à moitié et puis je mêle des images assez tranquilles au début pour dire par la suite que je ne sais pas ce que ça fait de perdre beaucoup de sang mais que ça va m’arriver. C’est une chanson sur la peur et la perte de contrôle je crois. L’image de la perte du sang m’est venue à la suite d’une réaction assez violente que j’avais eu face à une perte de contact avec quelqu’un et qui m’a un peu fait perdre le sens de la mesure dirons-nous. La chanson évoque un moment où j’ai perdu pied, où je suis allé me perdre dans des endroits à l’intérieur de moi qui m’ont fait vraiment peur.

Node to Node

— Le morceau parle de traversée, virtuelle et réelle. D’espaces qu’on franchit. C’est un morceau que j’ai écrit avant de vivre ce dont il parle. Je veux dire que l’histoire qui sous tend tout le disque ne m’était pas arrivée quand je l’ai écrite et puis c’est arrivé et je me suis rendu compte que j’en avais déjà parlé dans cette chanson. Alors sûrement on peut dire que j’ai provoqué les choses, pour justifier la chanson ;) Les voix que l’on entend essaie de donner cette impression de flottement, de quelque chose d’insaisissable.

The Red of the Shoes

— C’est un de mes morceaux préférés. Il a été composé très peu de temps avant l’enregistrement et assez vite comparativement à d’autres. Les paroles sont une sorte de flot de pensée qui est parti du fait que j’imaginai le sang couler dans les milliers de petites veines à l’intérieur de ma tête. C’est assez dur de dégager un vrai sens de ce qu’elle dit. Il y a des images de foule silencieuse, une référence au magicien d’Oz, une comparaison entre des larmes et des petits soldats sur une pente raide et aussi une sorte de recul sur la vacuité de tout ce qui vient d’être dit, quelque chose comme ça... Une sorte de collage d’images qui me traversait la tête.

Shaping Places

— C’est un des morceaux les plus vieux. Un parallèle entre ce que je vois de ma fenêtre et des souvenirs de villes du nord. Le titre vient du fait que j’imaginais qu’on pouvait façonner les lieux qu’on avait traversés et les faire se répondre entre eux, les utiliser comme révélateurs les uns des autres. A la fin du morceau on quitte le concret, les éléments du décor pour rentrer à l’intérieur et se demander pourquoi j’ai fait ce parallèle et combien ce que je vois maintenant me permet de revenir à ce que je voyais alors. Sur ce morceau il y a la guitare de Guillaume Eluerd qui doit sortir un très bel album à la rentrée sur QuaterMass et la voix de Marielle Martin chanteuse de Playdoh, groupe avec lequel j’ai travaillé pour leur premier album en studio et puis sur scène pour leur second album.

Box Model

— Box model c’est un référence à la manière dont sont construits les sites web aujourd’hui et biensûr c’est une manière de dire que je me sens enfermé. Dans quoi je ne sais pas trop, probablement dans ma tête ;) Je parlais avec quelqu’un l’autre jour à qui j’expliquais que je faisais de la programmation internet et aussi de la musique, je lui disais que j’avais une vision pas vraiment mystique de la vie mais juste une vision dans laquelle tout est lié, que tout renvoie à tout et je pense que j’ai tendance à essayer de rapprocher des choses qui peuvent paraître opposées. Je pense souvent aux structures et au degré de liberté qu’elles peuvent procurer. C’est pareil pour les contraintes qui souvent permettent de se dépasser. D’ailleurs de cette chanson qui mélange l’humain et le ’mécanique’ on débouche assez naturellement sur un morceau très libre et improvisé au piano.

Untitled

— C’est un morceau que j’ai improvisé quand j’enregistrais les arrangements du disque. J’étais tout seul dans une maison qu’on m’avait prêtée et je me suis mis au piano et voilà :) j’ai été assez surpris par le résultat. Sur le disque il y a des morceaux comme ça pris sur le vif (comme Pieces of your Brain aussi) et des morceaux que j’ai mis beaucoup de temps à structurer. Ca me plait assez qu’il y ait ces deux côtés.

Real Shift

— Justement un morceau qui a pris son temps pour trouver sa forme. Ce qui ne veut pas dire qu’il n’en changera pas :) Il avait été enregistré une première fois pour HallonSaft un EP qui était sorti sur le label MP3 Sundays In Spring. Le melodica qui accompagne le morceau est pour moi une grande réussite dans la mesure ou comme beaucoup d’autres sources acoustiques sur le disque il a été filtré par l’ordinateur ce qui lui donne son côté extrêmement fuyant et sa texture particulière mais qu’on ne peut pas vraiment associer à un traitement électronique. Il n’aurait jamais pu sonner comme ça si je ne l’avais pas passé par ma machine qui le modulait et le manipulait.

In this Circle

— Ce texte a été écrit pour quelqu’un et je ne pensais qu’il deviendrait une chanson. Je m’en suis servi parce qu’il me semblait appartenir au disque. Je ne sais pas si je me sentirai jamais complètement détaché du fait que je l’ai enlevé à quelqu’un pour l’exposer à tous mais en tous les cas c’est un des textes qui m’émeut le plus. Il a été écrit vers 1h du matin sur un espace web qui était dédié à ce que j’écrivais la nuit pour cette personne à qui en quelque sorte j’ai volé ces mots que le jui avais donnés.

The this that

— Encore un morceau sur mes pensées qui s’entrechoquent :) contre les murs cette fois. Encore un morceau sur cette histoire qui m’a habité et effrayé et ravi et emmené assez loin. J’ai beaucoup appris en composant ce morceau et je ne cache pas qu’il a été assez inspiré par Nick Drake ou Bert Jansch. Il va sans dire qu’il n’y a pas de comparaison à faire... ;) La fin du morceau qui se fait happer par les nappes électroniques reflète assez bien je pense mon état de l’époque ... La tempête après le calme si l’on peut dire ...

Pieces of your brain

— C’est un morceau qui a été enregistré sur des marches à l’exterieur de la maison dans laquelle j’enregistrais avec Sylvain Closier, près de Toulouse. Il était assez tard et j’ai commencé à improviser différentes choses et Sylvain voulait placer des micros dehors pour essayer de capter l’ambiance du dehors et du soir. J’aime beaucoup la façon dont on peut se demander si les sons sont naturels ou électroniques. D’autres morceaux sont pleins de matières électroniques mais ici ce sont juste les grillons qui ont fait office de tapis sonore. Tout est improvisé et je me souviens que j’étais dans un état assez spécial, fatigué et nostalgique, un peu saoul aussi ;) Les paroles parlent du fait que je suis là sur des marches et que je regarde devant moi, que je pense à une histoire difficile que j’ai vécue, qu’il y avait aussi des marches dans cette autre maison. Je tente de m’excuser de la manière dont j’ai pu terminer cette histoire et d’un rêve que j’avais fait la nuit précédente dans lequel je découpais des tranches de cerveau pour les aplatir, va savoir ... :)



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