Imaginons la scène : une discothèque enfumée trop pleine de danseurs perdus dans leurs transes sans saveurs de samedi banals, mais nous sommes là, uniques, a les voir comme lourds, gesticulants au ralenti, cette musique de 45 en 33 qui semble vociférer un rythme, tout semble être un chaos, aucune raison, tout est incompréhensible, un nerveux symptôme de décadence, l’envie d’autres places, notre maladive solitude face a ces insectes, l’impression d’être d’un autre monde, d’être l’intrus, cet être famélique de la pochette, éraflé, blessé. Il est temps d’être dans cet autre part de l’univers. Il serait facile de sortir de cette disco et s’en aller ailleurs, plus difficile est de rester et d’inventer un son depuis notre intérieur. L’intérieur.
Self initiation est ce premier pas loin des dehors, ce début d’autre chose, d’inverser tout, des ombres contre les spots et flashes de la piste de danse, l’inertie des corps contre la danse, la vitesse des sens face au ralenti des matières.
Ascetic rentre en lui, cherche les maitres, les Anne Clark, Killing Jokes, Dead can dance et fideles de labels comme 4AD, effleurant même ces nerveux gestes de Kat Onoma denses, et si ces australiens ont un jour mis un pied en France, ils auraient vénéré le désordre artistique de Marquis de Sade. Ils sont sans discussion doyens et dompteurs de leurs instruments, ils manient sans hypocrisie la sagesse des mouvements obscurs et tribus sombres, intelligence du chemin a parcourir, ils sont perfectionnistes de leurs idéaux, pourtant, c’est plus dans le chaos (I burn, Uroboros, A day in the fields) que dans leurs paysages gothiques trop allongés a perte de vue (Before the storm,Trankasham) qu’ils brillent, ils semblent plus généreux, plus illuminés, plus créatifs, et qu’on sent ce premier pas vers l’intérieur, qu’on reconnait le talent de ces quêteurs d’autre monde. Hors, voila, on est dans cette discothèque de danseurs-loosers, mais on est plus là, on a su entendre l’autre son, la self initiation.