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Dotsy Dot (anciennement connu sous le nom The Dot Dots) n’est pas inconnu de nos services puisque Schérazed O. gratifia d’une superbe reprise de « Temptation Tide » la compilation hors série # 5 « Sebadoh Bakesale » d’A Découvrir Absolument (reprise que nous retrouvons aujourd’hui sur le premier Ep de la belle). A cela, il faut ajouter que Schérazed O. est accompagnée (à la ville comme sur disque) par Mickaël Mottet (Angil, faut-il le préciser ?) et nous admettrons que Dotsy Dot possède le privilège des formations amis, de celles défendues fébrilement, qui squattent nos platines durant les coups de spleen et les journées sans lueur (mais pas seulement).

Nous évoquions Sebadoh… Musicalement, et contrairement à ce que laisse supposer la sublime pochette ultra kitch du disque, Dotsy Dot navigue dans un climat plus ou moins proche des déclarations sentimentales / maussades de Lou Barlow. C’est-à-dire : les compositions n’ont pas besoin ici de beaucoup (une guitare, quelques claps et deux notes de piano, comme sur « Dress ») pour provoquer des serrements à la gorge, une émotion qui renvoie planer l’auditeur jusqu’à ses chères années adolescentes lorsqu’il se gargarisait de musiques tristes pour se réchauffer le cœur. Pour autant, l’ensemble (huit titres, le fan en veut plus !) est suffisamment mélodique et construit pour permettre à Dotsy Dot de ne pas tomber dans la chanson pluvieuse qui érigerait la mélancolie comme gage de crédibilité. Trop de sensations présentes ; un talent musical très affirmé mais aussi, et surtout, pas mal d’instinct et de tripes.

Surtout, là où les compositions entraînent l’auditeur vers une épure évoquant un réalisme cru, la voix de Schérazed O. tire l’ensemble vers une lumière aveuglante, bouffée d’espoir et de bonheur. Contraste saisissant qui donne, bien plus qu’une consistance, une alchimie particulière à des titres aussi charmeurs que « Thief » ou « Mum » (sans même évoquer une reprise, outre Sebadoh, du « Feeling Good » de Nina Simone) : la voix enchanteresse de Schérazed O. ne sert aucunement (comme cela arrive parfois chez les grandes chanteuses) d’accompagnement, de cerise sur le gâteau ; au contraire se perçoit un contraste, une façon de marier le gouffre et la lueur, le relâchement et le regain d’aplomb, le renfrogné et l’émerveillé (comme chez Lou Barlow donc, mais aussi Hope Sandoval ou Matt Elliott, à chaud).

Pour conclure cette modeste chronique, précisons que Dotsy Dot est un groupe autoproduit. Gageons qu’il ne devrait pas le rester encore très longtemps…




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