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Raconter l’organisation de Téléfax est un exercice complexe. Comme nous le précise la biographie accompagnant la galette, Téléfax tiendrait plutôt d’une "entité onirique dont la première forme, le premier élément matériel de construction serait cet enregistrement". Beaucoup de mots compliqués pour un seul groupe... Ecouter les compositions de téléfax est un exercice tout aussi complexe -au premier abord-. Un premier contact pour poser le cadre, et voila le tableau de ce début de disque. Un retour à la nature, scandé comme un slogan, et "l’herbe envahit tout" pendant que les guitares et les samples envahissent nos oreilles. Le voyage continue dans ce monde étrange que l’on imagine en noir et blanc, avec une visite "au large de la Sicile", où Explosions in the Sky rencontre Boards Of Canada. Deux references de tailles qui malheureusement disparaissent devant une voix saturée nous scandant des phrases littéraires dans un spoken word plutôt gênant, comme dans ces documentaires pour lesquelles on coupe le son au profit de l’image tant elles se suffisent à elles mêmes. C’est un peu le problème de cet album. Des textes parlés, d’une poésie faite de riens et superbement écrits, mais qui auraient la facheuse tendance à nous raconter en plus ce qu’une atmosphère et un titre suffisaient seuls à nous décrire. C’est ce qui se passe par exemple sur le glauque et opressant trip hop des " structures des villes" ou le rock progresif de l’aquatique " Jusqu’aux grands ports". Mais curieusement dès que ces poésies que l’on trouve hélas, mal lues comparées au talent d’un Bashung, une Ursula Rucker ou encore un Saul Williams se font chant, ou aider par un chant comme sur la fin du sensible " Rose", le sublime jazz hip hop sous morphine de "Our Talk" ou l’enfantin, naïf et touchant " Des Poussières" l’organisation des morceaux devient plus limpide et plus accessible. Au commencement était la nature, la musique. Puis la civilisation et ses stations services ont pris le dessus, l’industrie du disque à eu besoin de mots à coller sur des mélodies. "Des courbes de choses invisibles" est comme son nom l’indique un album complexe, qui à tendance à nous perdre dans les labyrinthes de ses textes. Loin d’être un projet totalement inabordable, il est aussi un album finement travaillé, superbement rythmé, arrangé, et écrit dans la forme de ses morceaux qui évoluent, se modifient et changent en nous surprenant au fil des inventions mélodiques. Mais pour reprendre mon allégorie ecologique, ce que l’on aurait le plus aimé, c’est peut-être finalement que la nature representée par l’herbe (la musique ) envahisse vraiment tout.




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