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Difficile de reprendre la plume après le chaos et l’effroi des derniers jours. Difficile, même, d’écouter sereinement les albums reçus durant cette tragique semaine. Comme il n’est cependant guère utile de se laisser morfondre, on cherche à s’évader un peu, à briser l’unique pensée qui accable les esprits. Périlleuse tentative : les disques défilent, certains très bons (et d’autres très nuls, aussi) ; des paroles réussissent également à émouvoir… Mais comment pleinement s’investir dans la musique lorsque la terre paraît trembler en permanence ? Lorsque l’aliénant souvenir des morts empêche toute possibilité de concentration ?

Et puis débarque, par surprise, un nouvel EP de Polly Nichols. Certes : Nathalie, Jérôme, Alain et Vincent ne sont pas des inconnus puisque, depuis « Stinking Flower », on suit attentivement chaque news liée au groupe de Poitier. Et puis, dépassant le strict cadre de chroniqueur, des affinités se sont ensuite crées avec les Polly Nichols - car avec certains musiciens, « on garde le contact » (marque d’une connivence partagée et d’une entente qu’il serait dommage d’oublier).

Pourtant, de ce deuxième EP, l’auditeur ne savait pas grand-chose sinon un élan vers plus de noirceur. C’est finalement bien plus que cela : si Polly Nichols, hier, puisait parfois dans ses racines post-rock ou post-punk, « Behind The Door », en cinq titres façon salve volcanique, démontre que cette formation n’a dorénavant aucun compte à rendre à personne. Plus resserrées, moins atmosphériques que « Stinking Flower », ces dernières compos revendiquent une dureté que l’on sentait déjà poindre mais sans doute guère avec autant de hargne. Tendu, coriace, concis et lapidaire : Polly Nichols n’a plus le cœur à sourire. Dans cet amas de guitares méchantes, fascinantes par leur opiniâtreté martiale, et pendant que la batterie défile comme si l’état d’urgence avait été déclaré, le chant de Nathalie vire au shamanique. Totalement émancipée, cette chanteuse exceptionnelle évoque maintenant une transe zulawskienne, une cérémonie noire, l’abandon de soi. Parfois flippant, toujours prenant.

Au-delà de sa violence et de la foudroyante évolution qu’il procure à Polly Nichols, « Behind The Door », et ce n’est pas rien, est le seul album qui, ces derniers jours, réussit à nous extraire du quotidien et de iTELE…




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