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Je suis Castellano-parlant, je veux dire que ma langue natale est le français, mais depuis la moitié ou presque de ma vie je vie et donc parle espagnol.

Mais qu’est-ce que cela a à voir avec la musique ? Dit d’un ton drastique un monsieur de passage qui vient de lire ces premiers mots

On est là pour la musique, dit un autre oiseau symphomane de passage

Du, calme, messieurs et piafs, juste que j’aime expliquer avant tout le pourquoi du comment de mes mots sur ces sons. Voyez-vous, tout a une cause, et ce qui m’a accroché au premier abord, c’est le nom du groupe, un type qui pense en espagnol le comprendrait mieux. Je m’explique. Dans les banlieues pauvres d’Espagne et surtout dans la zone basque, on remplace souvent entre jeune le C par un K, lui donnant une notion de jeunesse et symbolisant une certaine rébellion, premier point qui s’éclaire. Le verbe "Escapar" signifie "Échapper", ors donc, " El que escape" se traduit par "Celui qui s’échappe", on mixe dans le grand bol… Elk Eskape.

Ça n’a peut être rien à voir, le groupe me giflera peut être, mais c’est ce qui a attiré ma feuille ibère, après, bien sur, il y eut le talent. Le talent passe dans ce groupe breton par les pores d’un corps de métal jusqu’à toucher un nerfs de soie, C’est le Rock, pas du rock, avec ses envolées de guitares, ses voix serpents, ses ambiances entre sulfure et le coton de draps, c’est Echo and the bunnymen après trois nuits a n’écouter que le Greeting from Asbury, le tendon qui sait de l’harmonie et la veine qui ne comprend que la rage. Il y a chez eux une envie terrible d’émousser les dents pour que la morsure passe mieux, mais aussi soyeux qu’ils dénuent leurs sons, ils restent perçants comme ronces. En effet, ils posent sur leurs créations incisives des voiles de douceurs. Cela donne un tempérament énigmatique, des frissons, et le besoin urgent d’une autre écoute (et plus dans le cas de Lucky Joe Wood). Bow est leur premier Lp, fils d’un Ep il y a deux ans et d’un travail que je devine têtu et serein, ils savent où ils veulent se rendre et la route à prendre. Au fil des titres, j’y écoute encore des "Echos and the bunnymen ci-dessus cités, des Psychedelics furs et cette guirlande de poètes demi-punks qui semblaient toucher par la grâce au lever et englués de crasse au coucher, des rêveurs coléreux nés des darks 80’s. Parfois dans cette buée presque acidifiée aux pastilles, des vents de Pink Floyd et 70’s folk soufflent, que du beau monde au balcon. Ne vous attendez pas non plus qu’ils soient des types rudes en perfecto battant leurs instruments et incendiant les bracelets à clous sur les batteries. Le rock n’est pas qu’une guerre, je ne dis pas que leur musique déchire les vêtements, elle regarde la plaie et tente la compassion, le rock est aussi le cuir d’en dedans. Ben quoi, le rock a aussi son intimité, sa petite naïveté, sa ballade triste après la fêlure du cœur, justement, le rock est l’amalgame des sens, le parfait équilibre entre l’espoir et l’anéantissement, et là est le vrai talent de ce groupe, la pénétration calme d’un obus, et le baume de sons- caresses qui érafle quand on l’étend. Elk Eskape est donc capable d’évoquer un rêve en pleine zone de guerre, et de fusiller à coup d’art. Il y a une manière classique certes de voir et de jouer ce rock intègre et plaisant, aucun psychédélisme, aucune folie, compositions sans bousculades, tous les instruments au même niveau, sur le même front, aucun en-avant, ce qui donne une homogénéité et une certaine classe a laquelle il n’est pas toujours facile d’accéder (War on drugs ou Phosphorescent étaient les derniers a y être arrivé chez moi, et puis là, eux) Bien que je ne sache encore de quoi ou d’où s’échappe ce groupe ( j’en revient a "el que escape), je devine où ils arriveront et qui ils sont destinés a être.




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