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Au moment d’achever l’année, il nous fallait impérativement questionner Mira Cétii (alias Aurore Reichert) sur son parcours, sur Alifair, sur ses envolées lynchiennes et l’origine d’un tel son et d’une telle voix. Grande révélation 2016 avec les deux premiers EP de sa trilogie Ce que les étoiles commettent, Mira / Aurore devrait logiquement dominer les prochains mois. Avec un nouvel EP ou un album ? L’occasion d’en discuter ne manquera guère… Mira selon Aurore, Aurore par Mira.

ADA : A quand remonte ta passion pour la musique et le chant ?

Mira Cétii : Cette passion pour la musique me vient de mon guitariste-hippie-autodidacte de père ! Et je l’en remercie... Il a certainement rêvé un moment d’en faire son métier mais je crois que la vie de famille et la pression sociale (un prolo ne devient pas « artiste » !) ont été plus fortes que son ambition. Mais il joue toujours : il enregistre une quantité déraisonnable de maquettes chez lui ; il doit y avoir une centaine d’albums expérimentaux dans ses tiroirs !

Le chant m’est venu naturellement. Quand on aime la musique on a tendance à en faire avec ce qu’on a. Alors je me suis mise à chanter. C’est adolescente que j’ai découvert que c’était une passion, un besoin. C’est encore une fois grâce à mon père que tout a changé : un jour il m’a entendue dans ma chambre et il a fini par me proposer de monter un duo guitare-voix.

Après la venue d’un contrebassiste, d’un batteur et de quelques premières compos avec mes tous premiers textes en anglais et français, T’Aï est devenu un « petit groupe du coin » avec ses fans. On s’est fait une réputation et moi j’ai compris que je pouvais en faire mon métier...

Ceci dit, ça ne m’a jamais semblé facilement accessible, et puisque j’étais lancée : j’ai d’abord continué mes études. J’ai pensé à un moment m’inscrire à la MAI (Music Academy International) à Nancy comme me l’avait chaudement conseillé mon prof de basse à l’époque. Mais pour avoir la bourse permettant d’y entrer, la « mission locale » m’a dit qu’il fallait rater son bac pour avoir le droit à ce genre d’aide !

Après tous ces mois de travail et de révisions ?! Pas question. Alors j’ai remis cela à plus tard. J’ai eu mon bac (Sciences Technologiques de Laboratoire) et j’ai oublié la MAI car je me disais qu’être autodidacte comme mon père c’était pas si mal…

ADA : A quel moment as-tu décidé que la musique allait devenir ton quotidien ?

Mira Cétii : Avec T’Aï on est entré en studio en 2000, c’est là que j’ai rencontré Jean Pascal Boffo, avec qui j’ai crée le duo Alifair. Ce duo – très bien entouré d’excellents musiciens du coin – a rapidement eu son succès dans la région. On était même soutenu par France Inter ! Moi j’étais à la FAC à Strasbourg (en philo) mais je me suis vite installée à Metz car Alifair prenait de plus en plus de place dans ma vie.

Aujourd’hui Alifair est un peu en « stand by » parce qu’on ne peut pas tout faire à la fois et qu’il y a eu ce basculement durant lequel mon envie de « faire tout toute seule » a été la plus forte.

Mira Cétii est un projet qui a commencé il y a assez longtemps au regard de certaines chansons (comme “Matinale”) mais c’est impossible de lui donner une vraie date de naissance puisque je gardais ce nom et ces chansons pour moi. Il y a bien eu quelques concerts très confidentiels mais tellement épars que même pour moi ce n’était pas un vrai projet.

Mira Cétii a commencé à prendre forme autour de 2012-2013 alors que je vivais dans un chalet dans la forêt. C’était une période riche créativement parlant : beaucoup d’introspection, de gestion de conflits avec moi-même et avec l’homme-des-bois chez qui je vivais. Beaucoup d’inspiration venue de la nature environnante, d’un style de vie plus atypique… C’est là que je me suis vue en « femme à la bûche », car je devais si souvent faire affaire avec elles pour… le chauffage, tout simplement ! Je peux te dire que lorsqu’il fait vraiment froid et qu’on n’a pas d’autre solution pour se chauffer, on se met à leur parler à ces bêtes-là !

Mais cette histoire d’amour était difficile et m’a pris beaucoup de ressources : je n’avais plus d’énergie ni pour Alifair, ni pour Mira Cétii balbutiante. Heureusement, il y a eu un tournant : un nouvelle rencontre, un nouvel amour, une nouvelle vie et un plein d’énergie me poussant à « rattraper le temps perdu ». Encouragée par mon nouveau compagnon (lui-même musicien), j’ai décidé de travailler sur mon projet perso, celui que je mettais toujours en dernier sur l’ouvrage puisque personne d’autre ne comptait sur moi. J’ai décidé d’en faire une priorité, enfin.

ADA : D’où vient le nom Mira Cétii ?

Mira Cétii : Mira Céti avec un seul « i » est le nom d’une étoile : « Mira (la merveilleuse) » située dans la constellation « Céti », le monstre marin. Quand je me suis cherché un nom, j’ai très vite pensé à Mira Céti que j’avais repéré lors de ma période « astronome amateur » quand j’étais gosse. On aurait dit le nom d’une princesse mystérieuse, ça m’a plu tout de suite. Aujourd’hui, en y réfléchissant, j’aime bien les contradictions dans ce nom : on y trouve l’idée de « merveilleux » et de « monstre » à la fois. En plus Mira - l’étoile en elle-même - est une étoile « variable », c’est-à-dire que sa luminosité varie, ce qui est rare ! Elle a ses humeurs en quelque sorte, ce qui me plait également. Sans aller jusqu’à dire qu’elle me ressemble ! Sur le Net j’ai vu que je n’étais pas la seule à avoir choisi ce nom comme pseudo. Alors j’ai rajouté un « i » parce que je voulais mettre des « étoiles sur mes i », et trois étoiles c’est mieux que deux, non ?

ADA : Pourquoi une trilogie autour des étoiles (Persée et Orion à ce jour) ?

Mira Cétii : Quand j’étais gamine, ma première passion c’était la voûte céleste, je trouve qu’il n’y a rien de plus fascinant. Alors évidemment, ça m’inspire beaucoup et j’utilise le mot « étoile » à toutes les sauces.

ADA : Prochain EP ? Un album ?

Mira Cétii : Je prépare en ce moment mon 3ème EP, je pense qu’il sortira en mars ou avril 2018. En parallèle, je cherche des partenaires (éditeurs ? labels ?) qui m’aideraient à produire et surtout promouvoir mon 1er album. En réalité, je souhaite passer d’artiste autoproduit à celui d’artiste labellisé. Et oui, ce sont des choses qui arrivent, ce doit être l’âge !