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Dans la liste des rituels obsessionnels qui agitent nos vies en fin d’année, une fois le traditionnel exercice des tops faits, et peut-être pour tenter de faire l’impasse sur celui plus ou moins pénible des fêtes de fin d’année, il y a celui qui consiste à regarder la liste des disques attendus de l’année à venir.

Autant dire que nous avions mis en tête de liste celui de Peter Kernel, notre duo canado-suisse préféré ( présent sur le volume 24 de nos compilations) composé de Barbara Lehnoff et Aris Bassetti dès que les premières rumeurs de nouvel album avaient circulé en parallèle des concerts donnés l’an dernier avec le Wicked Orchestra projet très réussi de « reprises » de titre des précédents albums avec des orchestrations de harpe, violoncelle, harmonium et piano.

En intitulant leur nouvel album The Size of Night, Aris et Barbara confirment un talent assez magique pour trouver des titres d’album géniaux aussi accrocheurs qu’évocateurs. How to Perform a Funeral, White Death and Black Heart, Thrill Addict pour les trois précédents).

Comme l’évoque le groupe, « La nuit est un moment très personnel, il peut à la fois être joyeux, majestueux, plein d’espoir mais aussi terriblement effrayant, rempli de cauchemars et de peur. La taille de la nuit est cachée dans les détails qui agitent nos corps et font battre nos cœurs ».

Ce sentiment mouvant, de toutes les transformations et sentiments possibles, à minima ambivalents à défaut d’être parfois contradictoires, est effectivement très présent à l’écoute du disque et du voyage dans les songes que nous propose le groupe.

Si l’énergie libératrice d’un rock abrasif et directement énergisant claque d’entrée sur There’s Nothing Like You, dès Pretty Perfect, ses cassures de rythmes et ses fêlures vocales intentionnelles incarnent le déséquilibre et le doute intime qui s’incarne pleinement sur The Secret of Happiness.

Sur ce morceau, l’influence du travail effectué avec le Wicked Orchestra se concrétise dès l’ouverture sur des cordes suspendues avant que se mette en place une boucle rythmique batterie, guitare, basse entêtante sur laquelle les voix se répondent sur un texte intimiste et émouvant :

“(….) It’s in her words, in her skin, in her breath,

in the way that she moves the air, in her hair, in her dreams, it’s in her

smile, in her home, in her heart, (…)

So How we’re gonna know when love is on the way ? (…)

We’re never gonna know when fortune comes our way (…)

It’s the secret of happiness (…)

But she can’t let it go, but she knows that she’ll never know."

Terrible Luck, plus calme et léger offre après ce premier uppercut une sorte de respiration dans le disque avant que ne s’enclenche un enchainement de quatre morceaux absolument imparable.

Dès les premières secondes de Drift To Death une tension chamanique s’installe, à la fois inquiétante et fascinante. Ce pouvoir d’attraction monte encore d’un cran avec la prise de pouvoir sur Men Of The Women d’une ligne de basse démente et d’un refrain incantatoire pour messe vaudou que la vidéo du clip retranscrit à merveille.

Ce même sentiment d’hypnose, de culte profane et d’attraction irrépressible atteint son pic sur l’inquiétante The Revenge Of Teeth.

“(…) Call it fate, hesitate, call it what you will

So let’s just say that we sin and get over it

Let’s call it a sin, and get on with it (…)"

Cette tension, bien que légèrement atténuée au cœur de The Shape Of Your Face In Space par une bulle plus onirique et apaisée portée par la voix enjoleuse de Barbara, nous rattrape au vol en fin de morceau pour nous propulser au coeur de This Storm Will Last avant que The Fatigue Of Passing The Night ne vienne conclure le disque telle une berceuse bienveillante mais néanmoins vicieusement orchestrée de fin de nuit agitée.

La taille de la nuit, si celle-ci ne nous a pas dévoré, restera finalement un mystère aussi subjectif que personnel, mais ce qui est sûr, c’est que la taille que prend Peter Kernel à nos côtés avec ce nouvel album est-elle évidente : XXXL

La Tournée de Peter Kernel passe en ce moment par la France, et reviendra un peu plus tard dans l’année, à voir absolument !

Dates :

14.03 - Marché Gare - Lyon - FR

15.03 – Brise-Glace - Annecy - FR

16.03 - Stimultania - Strasbourg - FR

17.03 - Café Charbon - Nevers - FR

18.03 - Le Chato’Do - Blois - FR

18.04 - La Peniche - Le Mans - FR

19.04 - Point Ephémère - Paris - FR

30.05 - La Bobine - Grenoble – FR

https://peterkernel.bandcamp.com/