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Womanized, le premier single du nouvel album de Camilla Sparksss, s’incrustait dans nos existences pour ce qu’il était : meilleur titre électro-punk entendu depuis des lustres. Tout s’y trouvait, en mieux : voix rageuse et ravageuse, sonorités clash, destroy tubesque, personnalité féline donc imprenable…

Honnêtement, tout un disque composé de titres à la Womanized ne nous aurait pas déplu. Mais l’ex Peter Kernel n’est vraiment pas le genre d’artistes qui puise dans un filon darkwave jusqu’à purger la source. Barbara Lehnhoff, avec Brutal, au contraire choisit-elle d’opter pour la cohérence, la logique d’un voyage avoisinant les 35mn.

De ce point de vue, Brutal est un très grand disque. D’abord car l’artiste, sans se départir d’une certaine furie électro (pas si loin des premiers Miss Kittin), propose un album dont-il est difficile d’éliminer un morceau sous peine de faire crouler l’édifice. Chaque titre amorce un lien vers le suivant, ou désamorce le précédent. Beau travail d’orfèvrerie, de méticulosité synthétique.

Ensuite car le nouveau Camilla, de par sa courte durée, maintient l’auditeur dans une tension permanente. Nous savons, comme dans un film d’Hitchcock, que les surprises ou les retournements de situation ne manqueront pas. Que Brutal est une œuvre pensée dans sa globalité, loin de l’actuel schéma français qui voit le ou la musicienne enquiller deux ou trois titres rentre-dedans puis enrober l’ensemble de vagues expérimentations absconses. Chez Camilla Sparksss, no way : tout est intime, tout s’assemble, aucun morceau ne semble anodin. Ouvrage d’une musicienne architecte.

Brutal, in finish, nous touche également pour son climax oscillant entre crises de rage et soudaines accalmies. Il y a du PJ Harvey, du Courtney Love ou du Shannon Wright chez Barbara. Comme ces dernières, elle sait insuffler la perspective d’une violence latente qui n’a pas besoin d’exploser pour nous agripper ou nous effrayer. La retenue s’affirme bien plus dangereuse que le dévoilement hardcore.

Très grand disque, nous insistons, car, finalement, dénué de manipulations ou d’enrobages superficiels. Œuvre de cœur et de tripes. Primordial !