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Depuis « Merced » nous avions perdu la trace de Templo Diez. Il aura fallu un article autour des compilations ADA pour que le lien défait se raccorde de nouveau. Depuis le groupe avait sorti deux disques « Constellations » et « Greyhounds », disques précieux creusés dans le sillon utilisé par le groupe emmené par Pascal Hallibert, frontman français de ce groupe néerlandais, chanteur et compositeur émérite à la corde très sensible, donc souvent très tendue.

C’est un groupe historique pour nous, ayant participé au premier volume de nos compilations, faisant parti de notre histoire. Mais c’est avant tout un univers musical et littéraire dans lequel il est difficile d’échapper et l’écoute d’un des nouveaux titres de ce sixième album, le sublime « The Sound of Waves » montre à quel point le groupe sait habiter progressivement un domaine vaste dans lequel il s’est installé pour le plus grand bonheur de notre épiderme. Car le frisson est la monnaie d’échange ici tout comme le dépaysement.

« Starlight » aura nécessité cinq ans d’attente, Pascal et son groupe en profitant pour prendre de l’encre dans tous les arts, piochant dans les histoires des autres pour construire une épopée quasi-cinématographique sans qu’un seul mur ne bouche un horizon source d’inspiration des rêveurs mélancoliques.

Dés « 305 South » c’est comme le pré-générique d’un film, une avancée sur le fil du rasoir, et cette voix qui transperce cette brume dans laquelle nous sommes entrés. Un grand-angle semble nous attendre au bout de ce chemin qui se déflore avec une précaution presque sensuelle. Une entrée en matière qui se termine par un travelling endiablé subissant la force d’une pesanteur à son maximum.

Avec « Night Wind » les Tindersticks se retrouvent dans le désert de Mojave un soir de pleine lune sous la caméra d’un Wenders laissant son lyrisme à la frontière. Les titres s’enchaînent alors comme les pièces d’un puzzle devant nous amener à « Going Surfing » épilogue comme échappé d’un rêve de Stephen Jones, chanson de fin d’un Lynch osant la tendresse après une plongée dans les abysses de son cerveau parfois malade. Avant cela, on aura dévalé une prairie accrochée à une montagne sur « Southern and The Dog » morceau velvétien à souhait, plongé dans la fragilité d’un cœur « Clear Fence », entamé une ballade romantique à dos de cheval sur « More Rain on Vegas », pépite à chanter avec l’âme sœur dans la moiteur sous un ciel menaçant. On se sera reposé au pied d’un arbre planté en mémoire de Leonard Cohen pour écouter ce bilan de vie qu’est « Sister ». On sera retourné plus prêt de l’asphalte et du béton, jouant les crooners, le chapeau à terre comme signal d’un amour possible sur « In Times of Madness », pour retrouver la liberté des terres de l’urgence (Forty Seconds).

Un sixième album comme une pièce à incorporer à la cinémathèque d’un groupe à l’intransigeance qui n’a d’égal que la tension qu’il dégage. D’ici que les salles obscures s’offrent à eux, une entrée dans votre discothèque est juste indispensable. Templo Diez est un grand groupe, et « Starlight » est une confirmation implacable.




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