Le week-end, quand nous sillonnons les dix kilomètres qui nous sont octroyés par le gouvernement, il n’est pas rare de croiser un véhicule d’avant la fibre de carbone, remodelée par un passionné, qui en se baladant avec, s’écrit des souvenirs pour toujours. Ben Shemie ne traverse pas les routes canadiennes, hormis quand il est en tournée avec son groupe Suuns, dans un véhicule qui fait actuellement le bonheur des bourgeois bohème propriétaires d’un van au confort précaire (mais c’est tellement tendance.). Ben Shemie lui, c’est plus la musique, si possible dans des contrées délaissées, mais pas forcément austères. Pour ce EP, Ben Shemie a entamé une discussion avec la TB-303, dialoguant avec cette machine, en explorant les arcanes sans pour autant se voir contrarié avec la susceptibilité de sa cousine implantée dans le module de 2001 l’Odyssée de l’espace. Sans l’apprivoiser, Ben Shemie lui donne confiance en elle, instaurant une symbiose presque parfaite dés le deuxième morceau, le jubilatoire « Upside Down » pendant lequel Ben Shemie et la machine entament un jeu qui doit autant à la découverte qu’au plaisir de se parler. « 303 Diary » est le journal de bord de cette rencontre, avec des senteurs exotiques (Didem / Swinging) énergie pour le lancement de ces fusées aux trajectoires sinusoïdales, mais au plaisir d’écoute toujours renouvelé. Il y a quelque chose de presque émouvant dans cette froideur relative du son électronique, la sensation de vivre un mariage hédoniste (« Hurts so Real ») où les deux parties jouissent d’une liberté et d’une complémentarité rare. Journal d’un mariage heureux.