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D’emblée, le chant d’Anne revêt cette urgence sincère et sans fioritures que l’on retrouvait chez The Organ, Echobelly ou le Placebo des débuts : étrangeté familière jamais inquiétante, comme un Unheimliche freudien dénué de chausse-trappes. Ici est tout est lumineux et immédiatement accrocheur, une collection de dix mini-tubes idéales en ce flottement musical civilisationnel – le rock 90s est à l’honneur –, produite avec grand soin en son Control Studio de Grenoble par Jean-Pierre Maillard (Dionysos, H-Burns).

Après un EP cassette de cinq titres et un premier album - « Never Fallen In Love » -, publié en 2019 et remarqué par la critique (dont ces chers Inrockuptibles, qui les rapprochaient des Breeders et autres REM), Off Models continue de tracer sa route, de premières parties vitalisantes (Dinosaur Jr., Powersolo, Burning Heads) en expérimentations laid-back (« Familiar Strangers », par sa lenteur post-rock lysergique et son texte en espagnol, clôture avec majesté des débats qui n’auront pas lieu – vous écouterez l’album en boucle, trop heureux de vous plonger dans un bain de jouvence : mélodies accrocheuses, refrains assumés, jangle pop à guitares arpégées, basses linéaires et rythmiques à la fois précises et décomplexées).

Les 90s, c’était moche, parce que les rockeurs ont (temporairement) abdiqué, mais l’héritage est bel et bien là : Off Models perpétue, sans nostalgie aucune, et avec un savoir-faire indéniable, le mood d’une époque qui savait écrire de sacrées bonnes chansons, entre pop et shoegaze, litanies kraut (« You Are Enough », ses harmonies à la Stereolab), ritournelles distordues et instantanéité nourrie du plaisir qu’il y a à vivre le présent. Difficile de faire plus addictif.




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