A la croisée des récits réels et des récits fictifs, les autobiographies trafiquées, dans lesquelles figurent aussi bien « A la recherche du temps perdu » que le « Lunar Park » de Bret Easton Ellis, forment un (petit) continent à part dans l’histoire de la littérature, qui de James Joyce à ce clown de Beigbeder, permet (entre autres) d’interroger le je - dans sa nature illusoirement essentielle - et son rapport au monde, en un jeu aux tonalités multiples.

Loin de ses amours folk (My Broken Frame) et des fulgurances rock (Go Go Charlton), le brestois Guillaume Léglise s’offre à nous avec un premier album élégant, publié par le label La Tweba (The Supermen Lovers, Niki Demiller, Yvonne La Nuit, etc.), dont il est également le boss. Multi-instrumentiste, producteur et compositeur, Guillaume a fait preuve ces vingt dernières années d’une activité telle qu’il est difficile de la synthétiser, tant il a œuvré de tout bois, creusant son sillon dans l’underground, au fil de fructueuses collaborations avec Vox Low et Lisa Li-Lund (qui l’accompagne sur « Prononce mon nom ») ou d’incursions dans les milieux du théâtre et de la danse contemporaine.

C’est en dandy détaché et post-romantique qu’il se met en scène, avec flegme et délicatesse, au travers des dix titres de « Auto fictions », dont la texture mélancolique se marie à merveille avec une écriture à la fois intemporelle (la variété française distanciée des 80s, Chamfort en tête) et très moderne (Metronomy traîne dans les parages), appuyée par des arrangements électroniques suaves et aussi taquins qu’un clin d’œil (désabusé) en fin de soirée. Guilllaume Léglise se narre mais n’en oublie pas de laisser la porte ouverte : son acolyte bassiste Clémence Lasme l’accompagne tout du long de cet inventaire poétique et, surprise, sur « Les dunes » Cléa Vincent passe une tête. Une certaine idée de la pop hexagonale : classe.