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  • 8 mai 2023 /
    Argil
    “Elevation” (Site)

    rédigé par gdo
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L’exercice du disque concept est un écueil tel, que plus personne ne s’y risque. Y ajouter une caution écologique dans le sens premier du terme et non dans son rattrapage politique, parfois raté, est une forme d’inconscience. Y ajouter une liste d’auteurs à la stature écrasante, ressemble avant écoute, à une forme de suicide artistique, une manière de quitter le monde de la musique sur un acte volontairement inconscient.

Argil, trio folk originaire de Clermont, composé de Delphine, Martial et Théotime, s’est donc imposé (à moins que les textes s’imposèrent, seuls eux le savent) ce cahier des charges. Au programme de cette ode à la nature, des textes de Victor Hugo, Aragon, Anna de Noailles, George sand, Baudelaire, Verlaine, Lamartine et j’en passe. En prenant le risque de se transformer en une forme de Lagarde et Michard pour enfants des bois, Argil prend aussi celui de se faire écraser par la puissance des textes.

Fort de ces certitudes d’un camouflé, je me suis engouffré dans cette forêt, me courbant pour éviter les branches, regardant mes pieds pour éviter des racines, avant de me tenir droit, entrant dans une clairière naturelle. Là sans m’y attendre les textes portés par la voix de Théotime sont accompagnés d’une musique aux sources multiples. Là les Fleet Foxes sur A Aurore, ici le Nick Cave croisant le fer avec la rage dans une lutte sans victoire avec la mort, ou encore les Other Lives ou les Beach Boys si nous voulions rajouter du poids sur les épaules des trois musiciens. L’exercice prend les traits d’un tour de force, ne parvenant pas totalement à convaincre sur la globalité, mais comme dans une forêt, la majesté peut mettre ses voisins dans l’ombre. Il reste un disque étonnant, jamais pédant, avec un trio qui en se mettant au service du texte, parvient à ne pas se limiter à un décorum au final invisible.

Argil signe au final un disque qui porte à merveille son nom, Elévation, comme ce que le trio aura fait pour s’extirper d’une aventure que nous pensions perdue d’avance, mais qui au final magnifie des poésies qui pourtant n’en avaient pas besoin. Élevons-nous avec Argil.




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