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Après un Born Sick (2017) au titre savoureux et une carrière freinée par la crise sanitaire (adios la tournée aux States et au Japon), The Bloodstrings ont fait évoluer la formule initiale (histoires de zombies sur fond d’horror punk psychobilly) vers un projet plus politique (le single German Angst évoque la lutte antiraciste et le sort des migrants), en témoigne leur signature sur le label engagé Dackelton Records (Frau Paul, Der Ganze Rest, This Means War !), fondé en 2018 sur les cendres de Quasilectric et acteur de la vie culturelle du Bas-Rhin, notamment dans l’accompagnement de jeunes musiciens.

Produit au Heavy Kranich Studio de Münster, Heartache Radio commence par une introduction instrumentale au piano, lente et lysergique, qui ne présume en rien du contenu des quatorze morceaux qui suivent : le quatuor d’Aix-la-Chapelle, mené au chant par Celina, balance une bonne grosse pop punk mélodique, aux guitares vrombissantes, section rythmique bastonneuse et chœurs virils à l’appui, rappelant The Distillers et, de manière générale, tout un pan du punk rock américain des 90s (The Offspring, Green Day, Rancid).

Certes, ça joue vite et fort, les mélodies claquent, c’est efficace et bien fichu, mais persiste en moi cette sensation de sauvagerie toc destinée à meubler les teen movies moralistes de l’Oncle Sam. Registre hautement balisé, qui trouvera sans peine son public de headbangers light, celui qui se salit gentiment les genoux, les cheveux et le portefeuille trois jours par an au Hellfest, puis rentre chez lui pour mettre les pieds sous la table, la tête farcie de révoltes molles qui s’éteignent aussitôt le dîner livré par Deliveroo et le choix du nanar du soir effectué sur Netflix. On a les rebelles qu’on mérite.

Avec Heartache Radio, The Bloodstrings nous proposent un album au demeurant excellent, sans fioritures ni déchets, nourri d’influences qui vont au-delà du punk rock aseptisé que j’évoquais, ajoutant ici et là (mais trop peu à mon goût), des touches de rockabilly, des contrepoints country ou ska, et des motifs surf music. Il y a juste le malaise d’un chroniqueur peut-être snob, torturé à la fin des 90s par une bande de californiens vociférateurs en bermuda et tee-shirt de skate, que le grunge avait épuisé et qui allait par la suite se manger des rafales de néo-dandys The Kooples et autres barbus folk à voix chevrotante, grosse fatigue. La mort du rock, finalement, c’est peut-être un bon truc.




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