Quand le temps n’est pas au beau fixe, que mon moral est en berne, que je cherche un nouveau doudou vers lequel je vais me retourner pour aller mieux, invariablement, je repense à mes années d’écoles communales. En ces années faites à la fois de la découverte de la vie en communauté, de la rudesse de l’enseignement prodigué par des professeurs à la jeunesse contrariée par la guerre, une chose illuminée cette période, les images. Elles étaient petites et venaient récompenser un travail parfaitement exécuté, et pouvaient être échangées contre une plus grande cartonnée, à condition d’en avoir dix. Images of Goo, est une collection de 10 images formant un album. Derrière ce projet expérimental, ce dialogue musical, comme il nous est présenté, se cache deux musiciens munichois. Leo Hopfinger aka LeRoy (Das Hobos, H, Spiritual Emojis ...) et Cico Beck aka Joasihno (membre actif de The Notwist, Aloa Input, Spirit Fest ...). Entrelacs des aspirations musicales des deux laborantins en musique, cet album fait penser à tant de choses qu’il serait quasiment hors sujet de ma part d’en faire une description perlée. Certes je peux vous parler de l’image 9 et de sa rythmique sombre comme sortie du Panderosa de Tricky, se faisant cajoler par une douceur Daft punkienne. Ou bien encore de l’image 6, aboutissement de ce travail, ou comment les chimères de Pierre Henry sont en vacances dans un tunnel sonore constitué d’une rythmique qui oscille entre inquiétude et field recordings aux chaleurs moites et exquises. Mais pour apprécier ce disque, il faut tel le serpent de la pochette, se lover dans un endroit éloigné des altérations provoquées par nos contemporains et rentrer en communion avec ce duo, professeurs Nimbus à la queue-de-pie bariolée, afin d’obtenir ce que nous venions rechercher, la plus belle et la plus recherchée des images.