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Oups ! ADA a échappé, chers lecteurs, échappé de justesse à une chronique hors-sujet d’Albertine. C’est que croyant écrire sur un certain artiste, j’étais bien partie pour prouver à la terre entière (restons humbles) que James Rolfe, alias The Angry Video Game Nerd, youtubeur, était aussi pianiste et chanteur lyrique à ses heures perdues. 

Pourquoi James Rolfe partage-t-il un homonyme aussi improbable ? Franchement ? 

Donc pas d’anecdotes croustillantes du genre « tout a démarré dans une soirée étudiante lorsque, ayant trop bu, James Rolfe a gerbé dans les bras de Matei et qu’ils ont décidé de poster leurs vidéos ensemble sur YouTube ». Oui je sais, c’est dommage. 

Surtout que James Rolfe (le nôtre) est un compositeur canadien d’opéras tous aussi passionnants les uns que les autres (Beatrice Chancy, Didon et Énée, Orphée et Eurydice, Elijah’s Kite). Nous serions passés à côté de l’intérêt musical et sensible que possède Wound Turned To Light. Titre inspirant, qui recèle ce que James Rolfe y a glissé de réflexions métaphysiques exprimées sous forme d’harmonies (et/ou) de dissonances piano/voix (c’est lui-même qui interprète le tout). 

Œuvrant à Toronto, représenterait-il à lui seul ce que cette ville offre de créativité inouïe en termes de production musicale, d’expérimentations artistiques, d’esprit festif, de jeunes pépites et de racaille improbable ? « Elle disait que l’Amérique est comme une marmite (a melting pot) parce que quand on la porte à ébullition, toute la racaille ( ou l’ « écume ») remonte à la surface », dixit le personnage joué par Billie Neal dans Down by Law, citant sa mère. 

L’ écume qui remonte à la surface de la marmite, c’est le mélange : c’est aussi la racaille que peut sembler être la pop music à certains adeptes de l’opéra. Sur Wound Turned To LightJames Rolfe flirte avec certaines comédies musicales, un soupçon d’ Oliver Twist voire de West Side Story (Bernstein ne rêvait-il pas d’un « opéra américain » quand il composa ce dernier ?).

Expériences lyriques et pop donc, que cet album ne prétend pas clore, bien au contraire : il ajoute un soupçon de l’influence de Nina Simone aux ragoûts dans lesquels la sorcière-cuisinière associait comme personne musique et poème.

Ainsi, Wound Turned To Light ne ravira pas les seuls amateurs d’opéra, mais bien toutes celles et ceux qui sont à la recherche des forces évocatrices du discours musical. Les délicieux frissons que certains Lieder de Schubert peuvent procurer quand Jessye Norman les interprète ne se sont pas absentés des 19 plages de Wound Turned To Light, la musique de James Rolfe n’exigeant cependant de nous ni tenue correcte ni bilinguisme. 




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