Qui est là ? C’est le dernier EP de David Lafore ! Un adoucissant musical qui contient des morceaux assez surprenants pour qu’on se les repasse en boucle, un peu comme une fusion popmusic / BFM télé : the one and only 24/24 David Lafore ep playing all night and day long yeah. Le public marseillais a déjà la chance d’écouter TOC TOC TOC en avant-première : deux dates à La Meson, les 26 et 27 octobre derniers, TOC TOC TOC sortant officiellement le 1er décembre.
David, qui se tient debout, en espadrilles (véridique) sur les premières marches du podium français des punchlines lucides, David chante. David toujours friand, dans son écriture, de formules imagées « Allez ouste, Allez du balai, Dégage » dévoile dans TOC TOC TOC des monologues internes qui pourraient être les nôtres. Quand on écoute « J’aurais dû » on entend du texte, des mots, des regrets… et bien sûr une voix, des percu, la compo, des accords, hop du synthé, les arrangements, la mélodie, l’interprétation… Comment David Lafore fait-il pour instiller autant de poésie dans la banalité du quotidien ?
Banalité des sujets, qui sont, à peu de choses près, toujours les mêmes puisqu’inévitablement humains. À la façon d’un prestidigitateur - presto - David parvient à mêler les bruits de bouche, le son, les onomatopées, la mélodie, la gratte et on se retrouve sans comprendre ce qui nous arrive, avec trois-mille bons gros kilos de j’aurais dû aux pieds, nounours Cajoline en sus.
Car ça fait du bien, tout simplement. Un arte povera de la chanson. Seul en scène : guitare / carafe d’eau / gobelet. Et chaise, ah oui, j’oubliais la chaise.
Le cinquième titre ajoute une bonne dose de mélancolie avant l’essorage, on remet le premier et on reprend l’écoute de TOC TOC TOC depuis le début. N’en soyez pas surpris, c’est ainsi : dès qu’on a le bonheur de tenir un disque de David Lafore entre les doigts, on hésite entre le savourer et le ré-écouter plusieurs fois pour tenter d’en percer à jour le mystère.
Même si rien n’est plus désagréable et monotone pour un chroniqueur abruti de travail que de comparer un artiste à un autre, ce qui me revient en mémoire quand mes oreilles découvrent avec surprise « le dernier David Lafore » (et il y en a quelques-uns - notre ami étant du genre productif) c’est souvent la même émotion que quand j’écoutais Darwin Deez et son éponyme Darwin Deez je ne sais plus quand… 2009-2010 ? Tant de joyaux, de pierres précieuses, de nacre dans cet album. On était comme les sept nains dans leur mine à la con : un coup de pioche à chaque morceau et hop un tube !
Eh bien, les chanson de David c’est un peu ça aussi : les nains, la mine, les sequins cheap et toc d’une auto-dérision sentimentale mais noble à souhait. Elles ravivent les couleurs de nos cœurs d’adultes délavés. David se souvient, écrit, cajole ses instruments, bricole ses machines, et Gildas Etevenard - qui l’accompagne sur cet EP et parfois sur la route - dévoile sa batterie et sa valise pleine de percu toutes aussi ingénieuses les unes que les autres.
C’est hyper, hyper soigneusement dosé. Tu déprimes ? Écoute David Lafore ! Tu as un rhume ? Écoute David Lafore ! Tu as envie de danser mais t’as honte de ton corps ? Écoute David Lafore ! T’as le coeur brisé ? Écoute David bon sang ! T’es bourré ? T’es sobre ? T’es amoureux ? T’es plus amoureux ? Écoute David mais zut à la fin ! Et surtout, surtout, va voir David Lafore en concert.