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Chaque année, alors que vous campez depuis quelques semaines sur vos certitudes quant à l’élaboration de votre palmarès de l’année, un disque que vous n’attendiez pas vous arrive et fait vaciller vos fondations que vous jugiez pourtant solide.

Il aura fallu un mail, puis une enveloppe pas encore ouverte qui s’était glissée au milieu d’un bureau aux rangements aléatoire, un rayon de soleil dehors qui mettait comme un baume sur une déprime automnale et ce geste maintes fois répété d’insérer un disque dans une platine (pour les jeunes, c’est un appareil permettant une vraie rencontre avec un auteur, un livret dans les mains.).

Songs For a Second Grace est le nom de ce disque miraculeux, ce moment de bénédiction au milieu de la torpeur. Son auteur est OPAC, alias Pierre-Alexis. Auteur d’un premier album en 2020 (In Fragments) édité initialement en digital avant de l’être en vinyle par le label Figures Libres Records qui sort donc son second opus. Seul à la conception de ce premier album, Pierre-Alexis fera entrer progressivement dans la galaxie OPAC d’autres musiciens (Padro Courin de Common Insight, Philémon Tranchant de Mossaï Mossaï et Brice Cadouot de Stuffed Foxes), donnant à Songs For a Second Grace une maturité qui manquait.

Balayons les évidences, les ombres de Nick Drake (Reverence est son introduction comme une image cachée au très regretté Mark Hollis) et d’Elliott Smith (sa présence sur Valley of Sin (The Fire in Your Hands ) et Veneration nous fige dans une véritable sidération) traversent le disque sans jamais l’écraser, le groupe faisant de ces influences quelque chose qui transcende même le concept d’influences, s’inscrivant dans une lignée véritable et dont les jalons s’annoncent durables.

Enregistré en partie sur l’île d’Ouessant à l’Eskal (studio de Yann Tiersen) le disque semble s’être confronté à quelque chose d’encore plus puissant que lui, semblant inclure la force des éléments extérieurs pour propulser ses compositions. Il y a dans ce disque la même inclinaison que celle que peut avoir Django Django (comme une évidence sur Helene Pt I et Purple Maggot) pour un embrassement maîtrisé, ne dénaturant jamais son paysage mélodique au profit d’une production criarde, s’accompagnant d’arpèges de guitares et de touches de piano d’une beauté fulgurante (Il y a quelque chose qui touche à la postérité dans Valley of Sin (The Fire in Your Hands) ) ou des touches de violoncelle. (Nirvana du Unplugged en écho sur Helene Pt II)

Solaire en se préservant d’une lumiére trop forte (Those Processions l’appel du très grand large), Songs For a Second Grace (Clin d’oeil à Jeff Buckley ?) à l’instar de l’instantané sur la pochette (une photo de famille, un lendemain de mariage...?) produit chez nous à la fois une mélancolie débordant de partout et une irrémédiable envie de faire face au vent les bras grands ouverts.

C’est l’histoire d’un disque, peut être du disque de l’année, la rencontre entre la puissance évocatrice et la beauté, l’esprit de l’Eden (n’est-il pas là sur Iconoclast). Terrassant de beauté.




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