Trio composé de Fabrizio Rat (synthés), Linda Olah (voix) et lsabel Sôrling (voix), lui italien, elles ,suédoises, My End is My Beginning arrive avec un premier album éponyme. Parisiens d’adoptions (Fabrizio est membre du Cabaret Contemporain en plus d’une carrière solo). Ils collaborèrent en 2015 autour d’un projet en hommage à Moondog. Le trio a pris corps en 2022 à l’initiative de Fabrizio. Lui avec ses lignes de synthé modulaire, elles avec la voix. Le processus créatif pouvait être enclenché dans un esprit de collaboration totale, chacun amenant sa part à l’édifice des morceaux, dans un souci de dialogue et d’égalité. Il en ressort quelque chose qui va bien au-delà de la musique, puisant tout à la fois dans la philosophie orientale notamment dans le taoïsme. La musique et le chant ne se présentent pas de façon verticale, mais ils inondent l’espace, comblant celui-ci en s’étirant au maximum, excluant le temps comme unité de mesure. Évoluant comme dans un cercle vertueux, les chanteuses semblent s’inscrire dans une série de boucles à la rotation différente l’une de l’autre, se laissant porter par les pistes de synthés qui elles ne cheminent pas dans un souci de rondeur, mais plutôt dans la recherche d’une géométrie aux angles droits. Intrigant, ouvrant par le monolithe Night Dark Night, titre quasi-radioactif, l’album est à l’image d’un palindrome qui aurait vu sa chaîne de caractères retournés pour tenter de nous perdre. Mais les traces laissées par le passé, Aphex Twin, Autechre ou Bjork nous servent à décoder cette novlangue musicale, là non pas pour nous embobiner, avant tout pour nous faire décoller, et la vue d’en haut est plutôt attirante. Le cercle des musiciens suspendus.