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Ces dernières années, au gré de collaborations lui permettant d’explorer les registres qui aujourd’hui nourrissent son imaginaire fertile – des climats feutrés de Jil Caplan à la pop de Cléa Vincent, en passant par le folk de Baptiste W. Hamon et Roberto Cicogna –, le multi-instrumentiste Baptiste Dodat s’est fait un nom, au point de se lancer dans le game, avec un premier album solo publié par le label rouennais Equilibre Fragile, dont l’intitulé fait référence non seulement à l’année 1973, qui vit paraître une palanquée de tubes de David Bowie, mais également à l’un des claviers fétiches de Baptiste, alias Batist & the 73’, le fameux Fender Rhodes à 73 touches. Durant les divers confinements qui égayèrent le début des 2000s, Baptiste a enregistré une série de reprises (Home Covers vol​.​1), qui permettent d’appréhender ses éclectiques prédilections, fortement marquées par une certaine idée du classic rock – Graham Nash, Willy Nelson, Neil Young –, sous haut patronage de Wilco, dont il est un fervent admirateur : il y a de l’orfèvrerie et du songwriting dans l’air ! Et c’est ainsi que, quatre ans après la sortie du EP Love Songs, Batist & the 73’ s’ouvre sur une merveille de folk song mid tempo, languide et néanmoins solaire, portée par une batterie quiète et des guitares apaisées : l’irrésistible I Won’t See You Again et sa mélodie spleenesque d’emblée accrochent les oreilles et le cœur. En dix titres sensibles, aérés, aériens et d’évidence que seule la sincérité permet, Batist & the 73’ évoque tout autant Elliot Smith (About Me) qu’un Pavement reposé (Everlasting Beginnings et son pont électrique gorgé de fuzz), entre country mutante (Teenage Crap ou Stone Deaf) et ballades planantes (Mellotron Song). Mention spéciale à Some Ex-Girlfriends, merveille d’épure – une guitare folk aux cordes pincées et de la réverbération, suffisant pour prendre aux tripes – que Lou Barlow n’aurait pas reniée. Si vague à l’âme il y a, le disque étant doux-amer au possible, il n’est jamais oppressant, tant Batist & the 73’ sait infuser, au travers d’arrangements délicatement dosés et d’un chant aux griffes élimées, une sorte de sérénité contagieuse, à même de rasséréner le plus maussade d’entre nous.




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