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Tiré des mêmes sessions d’enregistrement que le EP Loin + Les Ondes, évoqué l’année dernière en ces pages (« Jim Ballon, ou l’art de vous scotcher au plafond »), le nouvel album du quatuor tourangeau promet des Sensations que l’on espère puissantes et psychédéliques, tant Flavien Légland (guitare, synthétiseur), Alix Beucher (guitare), Arthur Delaleu (basse) et Axel Gaudron (batterie, claviers) savent bousculer cordes, codes, modes, fronts et frontières. En cinq titres hypnotiques dont la durée parfois dépasse les dix minutes, Jim Ballon s’offre une virée lysergique en terres expérimentales, total free style, portée par un chant en français narcotique, dont les mots peu bavards égrènent des paysages mentaux bariolés, à l’instar de l’allusif Je fixe sur ce truc si précisément, qui rappelle cette capacité qu’ont les enfants (ou les drogués) à focaliser sur les détails quasi-invisibles, au point de s’y perdre et imaginer des mondes miniatures. Oui, qui n’a pas vu, kid, des gnomes courir sur les bûches en feu, tandis qu’à l’autre bout du salon bruyamment les adultes bourrés fêtaient Noël ? Entre soft-rock, math-rock, expérimentations répétitives et minimalisme kraut, Jim Ballon ne s’interdit rien, à tel point que Ça m’éclate les yeux, Macarena mutante qui vire électro bruitiste, éclate bien plus que les yeux et nous ramène vers les riches heures de l’acide : énorme, douze minutes de bonheur. L’océan brûle. Il paraît que pour les Grecs anciens, l’océan était vert, et non pas bleu. Vert comme l’acide qui ronge et grille mais qui doux et délicat fait de Jim Ballon un cousin éloigné de Sigur Rós, en une longue et longiligne nappe de beauté pure. Vague prolonge la rêverie, à coups de heavy riffs de guitare électrique et de ponctuations modulaires 70s, à nous la Californie fantasmagorique ! Plus énergique, voire pop lounge, L’eau qui me traverse – flow contemporain, presque jazzy – clôture avec brio (et vacarme) un Sensations qui, à l’instar des œuvres précédentes du quatuor, confirme un réel talent pour la digression. De sensation à sensationnel il n’y a qu’un pas, que Jim Ballon franchit allégrement.




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