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Detroit Rock City. Non, il ne s’agit pas d’évoquer la navrante et néanmoins drôlatique comédie d’Adam Rifkin sortie sur les écrans en 1999, mettant en scène un groupe d’adolescents (dont le pauvre Edward Furlong) prêts à tout (dont un concours de vomi) pour assister à un concert de KISS, mais bien de célébrer le troisième opus du quintet garage-rock Habibi, fondé par les natives de Detroit Lenny Lynch et Rahill Jamalifard, qui a par ailleurs en solo l’année dernière sorti l’album Flowers At Your Feet.

Basées à Brooklyn depuis 2011, les filles d’Habibi ouvrent Dreamachine avec rien que moins que la tuerie minimaliste On The Road, addictive ritournelle garage électro post-punk 00s aux guitares crasseuses et bordéliques, qui évoque la migration des parents iraniens de Rahill vers les États-Unis. La coolitude atone de Wet Leg, la souplesse crossover de The Breeders, imparable, tube de l’été. The question is : il reste huit compositions, seront-elles au niveau ?

Dans une veine pop shoegaze, la mélodique ballade synthétique In My Dreams, sur fond de boîte à rythmes et de réverbération, fait carrément le job, évoquant tout autant Cocteau Twins que la récente scène bedroom, quand le groovy POV, mâtiné de guitares math rock et de collages sonores se laisse (trans)porter par des harmonies vocales rappelant Au Revoir Simone ou Stereolab. Retour au garage avec le craspouillou Do You Want Me Now, bancal et néanmoins filant en ligne droite, sur fond de ruptures rythmiques et de ponts guitaristiques hors tempo.

Il faut bien le dire, la six cordes semble tenue par un enfant qui porte des moufles, mais ça fait partie du charme de l’ensemble, à l’instar des cinq minutes d’Interlude, instrumental arabisant durant lequel l’enfant à moufles s’en donne à cœur joie, histoire d’accompagner le parlé chanté de Rahill. En art, faire les choses mal, si c’est fait exprès, c’est bien, depuis The Velvet Underground, on le sait.

S’ensuit le dispensable My Moon, trop dilué dans la soupe vaporeuse mainstream pour être intéressant, espérons que le martial Losing Control rattrape le coup : minimalisme, basse cold hand et pointillisme guitaristique, why not, mais c’est plat malgré l’enflammade finale à base de dissonances. Certes, l’introduction de Fairweather Friend invoque Joy Division et l’épuré Alone Tonight groove sec (du disco mutant ?) mais, pris dans son ensemble (ou entièreté, comme disent les milléniaux) Dreamachine a un arrière-goût de déjà entendu ou d’inachevé.

Conclusion patriarcale en mode male gaze mascu-viriliste j’en passe et des pires : les girls, il aurait fallu resserrer le propos ou se contenter d’un format court, mais sans nul doute On The Road (que j’écoute en boucle tant ce single me botte) me donnera tort, ce qu’au fond je vous souhaite. Après tout, Habibi n’est qu’amour (lecteurs, à vos traducteurs !).




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